mardi 22 décembre 2009

Partir une deuxième fois

Deuxième départ pour SINDOU, où j'ai vécu du 2 au 14 décembre 2009.
Sindou est un village du sud-ouest du Burkina Faso, situé à plus de 500 km de la capitale Ouagadougou et à une quarantaine des frontières de la Côte d'Ivoire et du Mali.
J'ai revisité le village de Sindou en compagnie d'un réalisateur de films documentaires, Denys Piningre, qui terminait un tournage pour lequel il a séjourné 5 années de suite dans ce village. Son film sortira à la fin de l'année. A Sindou, les habitants attendent toujours l'arrivée de l'électricité...(http://denyspiningre.blogspot.com/2010/01/retour-dafrique.html)

De 18 h à 6 heures du matin nous vivons donc tous dans le noir, il faut adapter nos rythmes de travail et de sommeil, nos projets et nos envies...la transformation inéluctable du village doté d'électricité sera peut-être vécue, par certains, comme un paradis perdu...Et pourtant, je comprends l'envie des habitants de Sindou de prolonger leurs activités jusque tard dans la nuit grâce à la lumière électrique et, pour quelques-uns, d'investir dans des projets où la mécanisation du travail devrait leur permettre d'envisager une amélioration de leurs revenus...

Cet ailleurs, qui m'est maintenant familier, me renvoie à d'autres ailleurs passés, et je me souviens que j'ai toujours eu plaisir, dans ces espaces autres, à vivre et penser différemment mes rapports aux autres, à ma famille et mes amis...
Dans cet ailleurs qu'est Sindou, les connaissances et amis burkinabés nous accueillent avec chaleur, générosité et tolérance, ils répondent à nos questions d'européens bien qu'elles ne fassent parfois pas écho à leurs réalités ni à leur mode de penser et c'est là que tout commence...ça remue et remet en question certains de nos regards et de nos certitudes.

Je vous proposerai, dans peu de temps, une série de photos prises à Sindou, où j'ai approfondi mes rencontres et vécu des situations nouvelles...La familiarité acquise avec certains habitants de Sindou permet d'approfondir la réflexion et permet d'éviter que tout se joue dans l'émotion...
Quand je m'interroge sur ce qui m'a amenée à retourner à Sindou, il y a bien sûr l'envie de participer au tournage du film (qui aurait dû se faire en mars) mais aussi la nécessité de mieux comprendre ce que je vis et ce que vivent les amis burkinabés. Il est question aussi de mon engagement dans la solidarité (et non l'humanitaire) et mon intolérance de plus en plus grande aux inégalités dans notre société mais aussi dans le monde. Dans la durée, des relations peuvent se nouer sur un autre mode, des réseaux de solidarité et de résistance peuvent se créer...

Drôle de coïncidence, le n°2554, du 20 au 26 décembre 2009,de l'hebdomadaire "Jeune Afrique" présente un dossier central sur le Burkina, avec ce titre : "2010, l'année de tous les enjeux"...élection présidentielle, emploi, agriculture, industrie, climat des affaires(traduction: la corruption !). Nous aurons l'occasion d'en reparler.


Survol du Sahara :