mardi 21 décembre 2010

Combat pour la souveraineté alimentaire et la solidarité internationale















Le 3 décembre 2005 (peu avant la réunion ministérielle de l’Organisation Mondiale du Commerce à Hong-Kong), la Confédération Paysanne du Faso a fait preuve de maturité. Pour la première fois de son histoire la population de Ouagadougou a été témoin d'une marche, et d'un rassemblement de 2 500 paysans, venus des 45 provinces du pays, place de la Nation. Ils réclamaient la reconnaissance du droit de souveraineté alimentaire. Parmi eux, les femmes peules d’Hamdalaye (un quartier de Ouagadougou) sont sortie nombreuses avec de grandes calebasses sur lesquelles on pouvait lire « Cowbell n’est pas notre lait ! »

Par là, elles réagissaient à une campagne publicitaire en faveur du lait en poudre importé (Cowbell est une marque sud-africaine) qui disait, au contraire : « Cowbell, notre lait ». A cette occasion, j’ai pris quelques photos, dont la photo ci-contre. Et voici que l’unique vache de cette femme (une veuve) est morte il y a quelques jours. Elle n’avait que le lait que lui donnait sa vache pour vivre. Or je sais que cette photo a fait le tour du monde. Elle a même fait la couverture de plusieurs revue.
J’ai pensé qu’il était bon d’informer de la situation de cette femme tous ceux qui ont utilisé cette photo, ainsi que les lecteurs de cette lettre hebdomadaire. Nous sommes nombreux à nous battre pour que le droit à la Souveraineté alimentaire soit mondialement reconnu. Il est bon de savoir que parmi nous, il y a des femmes et des hommes qui ne sont même pas assurés du nécessaire. Cette femme en fait partie.
A l’occasion de la fête de Noël et de la nouvelle année, je me propose de servir d’intermédiaire entre cette veuve et ceux qui accepteraient de faire un don pour qu’ensemble nous puissions lui offrir une vache. Que tous ceux qui souhaiteraient manifester ainsi leur solidarité répondent à cette lettre, ils recevront les indications nécessaires pour que leurs dons parviennent rapidement à cette femme.
Si vos dons dépassent les besoins de cette femme, nous offrirons une vache à d’autres veuves d’Hamdalaye qui sont dans une situation semblable (elles sont au moins 6). Par la suite, s’il y avait un reliquat, je me propose de l’utiliser pour équiper une mini laiterie dans un quartier peul de l’intérieur du pays. Vous seriez informés.

Koudougou, le 16 décembre 2010
Maurice Oudet
Président du SEDELAN
Lettre abcBurkina n° 401 : sedelan@abcburkina.net

mardi 14 décembre 2010

A quoi sert l'indépendance quand on a faim ?

Manifestation des femmes productrices de lait juin 2007

11 décembre 2010 : Le Burkina Faso fête les 50 ans de son indépendance 50 ans sans véritable politique agricole et alimentaire, c'est long !
Ce samedi 11 décembre, le Burkina Faso est en fête : il fête ses 50 ans d'indépendance. Le Burkina est en fête, mais qu'en est-il des burkinabè ? Sans doute la ville de Bobo-Dioulasso est en fête, elle qui accueille les festivités de cet aniversaire. Mais qu'en est-il dans les villages ?
Mais la véritable question est celle que posait, il y a deux ans, M. Mahourou Kanazoe dans le quotidien burkinabè « Le Pays » en août 2008 : « A quoi sert l'indépendance quand on a faim ? »
L’auteur s’exprimait quand la crise de la vie chère était encore dans tous les esprits. Il écrivait : « Et voilà posée, dans toute sa cruauté, la question de la souveraineté alimentaire. Quelle fierté les Etats africains ont-ils à célébrer 48 ans (aujourd’hui, il s’agit des 50 ans ! - ndlr) d'indépendance quand ils ne sont pas en mesure de nourrir leurs populations ? … Il faudra recadrer les politiques agricoles, en rationalisant les stratégies et les moyens, au service des produits vivriers.»


De fait, le miracle n’a pas eu lieu. Les politiques agricoles n’ont pas été recadrées. La Confédération Paysanne, qui a fait 7 propositions à l’occasion de la vie chère, n’a pas été entendu. A mon sens, elles sont toujours valables. Aussi, nous les publions à nouveau. Au nombre de sept, elles se résument à un soutien consistant au secteur de l’agriculture et précisément aux producteurs.

1) L’accroissement de l’investissement dans le secteur agricole.
Au Burkina Faso, le niveau actuel d’investissement dans le secteur de l’agriculture doit être revu à la hausse et orienté vers les productions alimentaires. Nous parlons bien d’un investissement direct pour financer des activités agricoles au profit des producteurs et non des dépenses de fonctionnement des ministères en charge des questions agricoles.
2) L’accès aux intrants, aux équipements agricoles et aux produits vétérinaires.
Les intrants, les équipements agricoles et les produits vétérinaires sont des facteurs importants d’accroissement de la production agro-sylvo-pastorale. Or, au Burkina Faso, l’accès à ces facteurs traduit la grande souffrance des producteurs. Malgré certains avantages fiscaux accordés (concernant la subvention des tracteurs et motopompes), les intrants agricoles (engrais, semences, pesticides, produits zootechniques, etc.), les tracteurs et les motopompes ne sont pas à la portée des petits agriculteurs qui, jusque-là, ont produit 45% des richesses du pays. La facilitation de l’accès aux intrants doit commencer avec l’opération « 700 tracteurs » lancé par le gouvernement.
3) La baisse du taux d’intérêt du crédit agricole..
La disponibilité du crédit agricole s’entend par la baisse du taux d’intérêt qui est actuellement de deux chiffres, à un chiffre (7%) comme dans certains pays de la sous-région. Cette disponibilité passe également par la suppression de la TVA sur le crédit agricole et la mise en place de mécanismes adaptés à l’investissement agricole (conditions de garanties) et de penser à la garantie des risques liés aux activités de production et de commercialisation des produits agricoles.

4) Le rétablissement du système d’appui/conseil.
Le démantèlement du système d’appui/conseil intervenu à la faveur du Programme d’ajustement structurel (PAS) a été d’une grande fatalité pour les producteurs burkinabè. Abandonnés à eux seuls, les producteurs perdent progressivement leurs capacités, tâtonnent dans les systèmes de production et se butent finalement à la baisse de la productivité. Pour parer à cette éventualité, l’Etat doit réinventer un système d’appui/conseil aux producteurs essentiellement basé sur l’appui aux filières agricoles et en concertation avec les organisations paysannes et d’autres acteurs de terrain.
5) Accompagner franchement la commercialisation des produits agricoles.
Pour permettre à chaque producteur de maîtriser sa filière d’amont en aval et pour permettre aux consommateurs d’accéder en permanence à la nourriture, l’Etat doit s’impliquer dans la commercialisation en facilitant la mise en place de circuits de distribution, en instaurant un prix minimum garanti et en assurant une meilleure jonction entre la production et le marché. Cette solution paysanne est possible dans la mesure où elle rejoint les propos d’un haut responsable du FMI qui pense que la résorption de la crise actuelle passe en bonne partie par un interventionnisme étatique dans les différentes économies nationales.
6) La protection du marché des produits agricoles et la promotion de l’intégration régionale.
Depuis 2002 et dans un élan de visionnaire, la CPF a toujours signalé le danger d’ouvrir nos frontières à des produits agricoles subventionnés à l’exportation. Même compétitifs à court terme, nous assurions qu’à long terme, ces importations allaient mettre à rude épreuve la souveraineté alimentaire au Burkina et en général en Afrique de l’Ouest. L’histoire et la crise nous donnent raison et nous permettent de saisir une opportunité pour inviter le gouvernement à accorder non seulement la priorité à la production, à la transformation et à la consommation des produits locaux, mais aussi à mettre l’accent sur sa participation à la construction de l’intégration ouest-africaine. Espace par excellence de production agro-sylvo-pastorale et d’écosystèmes diversifiés, l’Afrique de l’Ouest dispose d’un marché qui, fondé sur les complémentarités écologiques, facilitera les échanges de produits agricoles entre les Etats et garantira surtout une sécurité alimentaire durable à 255 millions de consommateurs.
7) La méfiance à l’égard des agro-carburants.
A l’heure où les agro-carburants sont identifiés comme partie intégrante des causes de la vie chère dans le monde, on constate qu’une faction de Burkinabè manifeste un engouement à l’endroit du jatropha. Elle encourage les producteurs à cultiver massivement cette plante et pense qu’elle peut réduire la pauvreté. La CPF recommande à tous les producteurs de la prudence et propose qu’une étude d’impact des biocarburants sur les ménages ruraux et sur l’environnement soit commanditée. »

DAO Bassiaka
Et le président DAO Bassiaka de conclure : « En conclusion, les paysannes et paysans du Burkina tiennent et croient en ces mesures. Ils fondent l’espoir de les voir appliquer par l’Etat, les opérateurs économiques, les commerçants et les consommateurs. Elles sont incontournables pour assurer une souveraineté alimentaire au Burkina Faso où l’agriculture reste le principal moteur du développement. »


Le 16 octobre dernier, le ministre de l’agriculture, Laurent Sédégo, promettait « Très bientôt, nous ferons les états généraux de l’agriculture et de la sécurité alimentaire au Burkina Faso pour que l’ensemble des acteurs se donnent la main afin que nous puissions définir les voies et moyens pour atteindre très rapidement cette sécurité alimentaire ».
Nous attendons avec impatience ces « états généraux de l’agriculture et de l’alimentation . Avec la Confédération Paysanne du Faso, nous pensons que nous avons un besoin urgent « d’une véritable politique agricole et alimentaire » basée sur la pleine reconnaissance de la souveraineté alimentaire du Burkina Faso et de la CEDEAO.
Koudougou, le 11 décembre 2010
Maurice Oudet
Président du Sedelan

lundi 6 décembre 2010

Burkina Faso: Les producteurs de mangues se regroupent















Il s'est tenu le jeudi 11 novembre 2010 à Bobo-Dioulasso, une Assemblée générale (AG) constitutive pour la mise en place de l'Union nationale des producteurs de mangues du Burkina (UNPMB). Cette AG a connu la participation effective des différents acteurs de la filière mangue venus de cinq régions du Burkina. La cérémonie d'ouverture des travaux a été présidée par Pascal Benon, gouverneur de la région des Hauts-Bassins.
La production de la mangue était perçue jadis comme une activité de cueillette venant comme un appoint alimentaire. Aujourd'hui, on est à même de constater que la mangue occupe une bonne place dans les échanges commerciaux à travers les zones de production. C'est pour mieux organiser tout cela que s'est tenue à Bobo-Dioulasso le 11 novembre 2010 une assemblée générale (AG) avec pour objectif la mise en place d'une structure faîtière des producteurs de mangues.

Le gouverneur de la région des Hauts-Bassins, Pascal T. Benon, dans son mot d'ouverture, a félicité l'initiative des producteurs de mangues du Burkina de se doter d'un organe de représentation. Tout en remerciant le PAFASP (Programme d'appui aux filières agro-sylvo-pastorales), principal partenaire de l'UNPMB, le gouverneur a souhaité que cette organisation ne vienne pas seulement meubler le paysage institutionnel mais qu'elle soit le signe visible d'un engagement pour relever le défi de la production et l'exportation de la mangue.

Josias Zounzaola Dabire
Article tiré du Quotidien "Le pays" du 21 novembre

En cadeau, Peter Gabriel en hommage à Biko : Stephen Bantu Biko, dit Steve Biko, militant noir d'Afrique du Sud, une des grandes figures de la lutte anti-apartheid, est mort le 12 septembre 1977, à 31 ans, torturé et assassiné en prison.

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Des investisseurs saoudiens seraient prêts à prendre le contrôle de la production de riz au Sénégal et au Mali

La stratégie saoudienne visant à délocaliser la production alimentaire sera au cœur des discussions quand plusieurs chefs d’État et des délégations de hauts responsables des pays africains arriveront à Riyad pour une conférence de l’investissement, le 4 décembre 2010. Dans certains de ces pays, des investisseurs saoudiens acquièrent déjà des terres agricoles et commencent à mettre oeuvre la politique du Royaume. Les terres rizicoles d’Afrique de l’Ouest sont l’une de leurs cibles principales. De nouvelles informations obtenues par GRAIN révèlent que les hommes d’affaires les plus puissants du Royaume sont en train de négocier des transactions, au Sénégal, au Mali et dans d’autres pays ; ces transactions leur assureraient le contrôle de plusieurs centaines de milliers d’hectares des terres à riz les plus fertiles de la région et la production serait exportée en Arabie Saoudite. Ces transactions ne peuvent qu e saper dangereusement la sécurité alimentaire de millions de paysans et d’éleveurs et détruire leurs moyens de subsistance. Tout ceci se concocte à huis clos avec les gouvernements africains, sans que les populations concernées ou le grand public soient mis au courant.
Vous pouvez accéder à ce nouveau À contre-courant en français ici: http://www.grain.org/articles/?id=74
La version anglaise est disponible ici: http://www.grain.org/articles/?id=75

dimanche 28 mars 2010

Des nouvelles des récoltes et du climat


abc Burkina n° 398
http://www.abcburkina.net/
Des céréales en abondance au Sahel et en Afrique de l'Ouest

D'après le Comité permanent Inter-Etat de lutte contre la Sécheresse dans le Sahel (CILSS), en date du 9 novembre, les perspectives des récoltes au Sahel et en Afrique de l'Ouest sont bonnes.

Au Burkina, dans la région de Koudougou, nous pouvons dire que nous avons eu une saison des pluies atypique. A la fin mai, je dis bien à Koudougou, nous avions déjà près de 150 mm. Mais ensuite, il a fallu attendre le 22 juillet pour que l'hivernage s'installe. Curieusement, alors qu'habituellement, c'est le mois d'août qui est le plus pluvieux, c'est en septembre que les pluies ont été les plus abondantes (avec un total de 249 mm). Et les pluies se sont prolongées jusqu'au 20 octobre.

Cette fin de saison pluvieuse a permis de rattraper le retard. C'est une aubaine aussi pour les éleveurs qui trouvent encore de l'eau dans les mares pour abreuver leurs animaux, et de bons paturages.



Pour les céréales, le CILSS nous donne les prévisions suivantes (qui sont encore à confirmer) :
Grâce à cette bonne pluviométrie, « les perspectives agricoles sont bonnes dans l’ensemble des pays. Globalement, la production céréalière prévisionnelle 2010/2011 au Sahel et en Afrique de l’Ouest à l’exception du Sénégal et du Mali est de 51 031 000 Tonnes contre 45 486 000 Tonnes (2009/2010), soit une hausse relative de 12 % par rapport à l’année dernière. Par rapport à l’année dernière, des hausses significatives de productions céréalières sont attendues au Tchad, au Niger et au Burkina Faso. »

« La production de riz est estimée à 9 850 000 tonnes (soit +5% par rapport à 2009/2010). Des baisses de production de riz sont prévues au Bénin, au Togo et au Niger. La production de maïs (15 439 000 tonnes) est en hausse de 3% par rapport à 2009/2010. Les prévisions de production des autres cultures se chiffrent à 55 462 000 tonnes (igname) et 76 304 000 tonnes (manioc). Les bonnes perspectives de productions agricoles et pastorales ont occasionné la baisse des prix de céréales sèches depuis l’arrivée des nouvelles récoltes sur les marchés. Ceci augure de perspectives alimentaires satisfaisantes pour la majorité des populations pastorales, agropastorales et cultivateurs en milieu rural. »

Koudougou, le 18 novembre 2010
Maurice Oudet
Président du SEDELAN

samedi 27 mars 2010

Bonne nouvelle


L'électricité est enfin arrivée à SINDOU !

lundi 1 mars 2010

La construction d'un grenier à Sindou







A Sindou, dans le vieux village, dans chaque cour familiale s'élévent plusieurs tours coiffées d'un chapeau de chaume, ce sont les greniers qui servent à stocker les récoltes d'une saison à l'autre et aussi à cacher quelque argent ou bijoux précieux !...























Quand les murs d'un grenier commencent à se détériorer, le propriétaire le démolit et le reconstruit aidé d'un ou deux maçons. Un soubassement sommaire fait de pierres et de morceaux de bois surélève le plancher pour éviter les parasites et préserver le grain de l'humidité. Le matériau de base est l'argile, mélangée à de l'eau, de la paille et du sable.
La construction terminée, on lisse l'argile humide et on enduit les murs de plâtre imperméable, puis on laisse sécher avant de poser le toit de chaume de forme conique. Le chaume est fixé par de la fibre sur une armature en bois. Le dôme de chaume très large protège les murs de la pluie.
La fenêtre, haut perchée, est la seule ouverture du grenier, seul le propriétaire y accède, un mortier de bois retourné fait un bon escabeau...

Les masques au burkina Faso et à Sindou

















J'ai photographié ces masques zoomorphes au musée national de Ouagadougou qui, en plus des masques, présente des tissus anciens et des instruments de musique. Les différents objets ne sont pas tous conservés au même endroit, faute de place dans les bâtiments consacrés à ces arts, bien que le musée soit une construction assez récente.
Les masques anthropomorphes
Ils représentent des hommes ou des femmes. Ils incarnent les anciens, les prêtres, les chasseurs et les sorciers. Il existe des masques à figure féminine à côté des masques à figure masculine.


Les masques anthropozoomorphes :
Ils associent traits animaux et traits humains, mais avec la prépondérance du visage humain. Le visage de l’homme est alors affecté d’une ornementation le plus souvent périphérique, composée d’éléments empruntés aux animaux (cornes, plumes, dents).













Le masque « nie autant qu’il affirme » selon la formulation de Claude Lévi-Strauss. Bien souvent détenteur d’un secret, il tait, en effet, ce que seuls les initiés doivent savoir. Son pouvoir relève aussi de sa capacité à incarner un esprit, lien entre l’homme et les ancêtres, le monde visible et celui de l’invisible. Le masque est associé aux mythes et aux rites, aux fonctions sociales et économiques, dans la plupart des sociétés traditionnelles. Les masques sont utilisés dans des cérémonies initiatiques ou funéraires ou bien à l'occasion de festivités.


Ce masque funéraire garde tout son mystère...

Masque funéraire en jeu...








J'ai assisté à Sindou à une cérémonie funéraire pour un ancien chef de village,
les préparatifs réunissent les femmes de la famille du défunt et les voisines du village, l'excitation est grande et les masques de sortie...Les enfants en ont peur, ils s'enfuient puis reviennent, effrayés et attirés par ces formes insaisissables qui dansent et sautent à travers la place...Ces danses obéissent à une chorégraphie traditionnelle qui est en rapport avec ce que le masque symbolise. Etant associés à la mort et au monde exclusif des hommes, les masques sont supposés avoir aussi le pouvoir de terrifier les femmes. Pendant la cérémonie dont je ne vois qu'une partie, l'autre partie étant cachée aux non initiés, des animaux, fournis par les villageois qui ont demandé la cérémonie, sont égorgés et découpés sur place.

























Je profite de cette page sur les masques pour vous parler d'une expo du Musée du Quai Branly intitulée "la Fabrique de l'image".
lien :http://www.quaibranly.fr/fr/programmation/expositions/a-l-affiche.html du mardi 16 février 2010 au dimanche 17 juillet 2011
Avec 160 oeuvres et objets, provenant de 5 continents, elle invite à un décryptage des grandes productions artistiques et matérielles de l’Humanité pour révéler ce qui ne se voit pas d’emblée dans une image.

Cette compréhension des images se fonde sur 4 grands modèles iconologiques créés par l’Homme, au-delà de tout classement géographique ou chronologique, que ce soit en Afrique, dans l’Europe des XVe- XVIe siècles, dans les Amériques des Indiens d’Amazonie ou des Inuit d’Alaska, jusque dans l’Australie des Aborigènes. L’exposition dévoile ces 4 modèles - traduisant 4 grandes visions du monde - que sont le totémisme, le naturalisme, l’animisme et l’analogisme.
Avec la Fabrique des images, le visiteur découvre les différents principes de déchiffrement selon lesquels les civilisations voient le monde et en rendent compte.

mardi 23 février 2010

Rituels











Françoise Gründ, etnoscènologue, a écrit un nouvel ouvrage paru chez l'éditeur Glénat : "Rituels". Je l'ai entendu, lors d'une interview radio, et elle m'a permis d'éclaircir certaines pratiques découvertes à Sindou, relatives au fétichisme...

Journaliste et premier docteur en scénologie (c' est à dire la science des formes spectaculaires) de France, Françoise Gründ a aussi été directrice du Festival des Arts Traditionnels ainsi que directrice artistique durant dix-huit ans de la Maison des Cultures du Monde à Paris. Grande voyageuse depuis trente-cinq ans, elle est également l'auteure de différents ouvrages sur les formes spectaculaires que l'on peut trouver à travers le monde. Françoise Gründ consacre aujourd'hui son temps à l'écriture, la peinture et la scénographie.

La case aux fétiches dans un hameau de Sindou, l'apparition des masques à l'occasion de certains événements, notamment la mort d'une personne, les danses, les pierres rassemblées en un endroit...toutes ces expressions qui nous laissent perplexes répondent à des rituels dont Françoise Gründ nous dit qu'essentiellement ils fortifient le lien social.





















Le rituel est une négociation avec les dieux, les forces face auxquels on se sent faible, on a peur. Le rituel est un engagement pour conjurer la peur et continuer à vivre. Les formes et les défenses varient d'un pays à l'autre mais on rencontre partout dans le monde des pratiques rituelles, formes spectaculaires humaines qui répondent à quelques grandes questions relatives à la mort, à la souffrance, à la faim, à la sexologie et au travail...
En occident, le mot rituel fait peur, on l'associe à la magie, à la thérapie mais les rituels existent hors du besoin de guérir. Interrogeons nos rituels, comme l'exode saisonnier dès les beaux jours, à quoi correspondent-ils..."On a perdu la béance, une disponibilité à l'ailleurs, à l'incompréhensible, on a perdu le sens de la magnifiscence et du merveilleux".








lundi 8 février 2010

Pierre RABHI au Burkina Faso

J'ai pensé qu'il était honnête que je vous fasse connaitre deux sources de réflexion et de travail importantes pour moi (avec La Via Campesina et ATTAC !), il s'agit des articles du SEDELAN et des textes de Pierre RABHI.
Le SEDELAN, Service d'édition en langues nationales du Burkina Faso est installé dans les bâtiments de la Communauté des Missionnaires d'Afrique à Koudougou... Les objectifs du SEDELAN ne sont pas figés, mais cherchent avant tout à répondre aux besoins du monde rural et des organisations paysannes du Burkina Faso.
Voici l'adresse de leur site internet : http://www.abcburkina.net/ où vous pouvez retrouver cet article.

Pierre Rabhi, reconnu mondialement pour son action en faveur de l’agroécologie a séjourné au Burkina Faso début février. L'interview a été réalisée par Lassina Fabrice SANOU, journaliste dans le journal "Le Pays".Le Pays" : Quel est l’objet de votre visite ici au Burkina ?
Pierre Rabhi : J’ai travaillé longtemps au Burkina Faso, depuis 1981. J’ai été le responsable du centre de formation en agroécologie de Gorom-Gorom. Je reviens pour voir avec mes partenaires comment nous allons encore poursuivre. En fait, j’ai moi-même ma propre ferme en France. Je venais ici en mission, dans le cadre du Centre de relation internationale entre agriculteurs pour le développement (CRIAD). Depuis 1981, je venais donc pour promouvoir l’agroécologie ici, en même temps que je continuais à gérer ma propre ferme en France. Je suis venu toujours pour l’agroécologie puisqu’on est en train de faire percevoir que la famine augmente, qu’il y a les changements climatiques, qu’il y a des problèmes d’engrais, parce que l’engrais coûte de plus en plus cher et qu’aujourd’hui il y a beaucoup de populations dites du tiers-monde qui sont confrontées au problème de "quelle agriculture pour le monde d’aujourd’hui ?" ; surtout quand on est dans des zones sahéliennes comme ici, qui ont subi des sécheresses, des changements climatiques importants. Il faut savoir que dans les années 70, il y a eu un énorme changement climatique par la sécheresse. Alors, finalement, entre la sécheresse, la cherté des engrais et leurs effets nocifs sur le milieu, il faut trouver une voie. La seule voie possible aujourd’hui, qui est reconnue mondialement, est l’agroécologie.
Au juste, de façon plus détaillée, qu’est-ce que l’agroécologie ?
Dans "agroécologie", il y a "agro" et "écologie". L’agriculture moderne est fondée sur les engrais chimiques, les pesticides, les semences sélectionnées. J’ai été témoin des effets catastrophiques de l’agriculture chimique sur le sol, la pollution de l’eau, la disparition en grande partie de la biodiversité domestique. J’ai donc choisi moi-même de gérer ma propre ferme en agroécologie. Les gens ne savaient pas trop ce que c’était. Sauf que nous avons démontré que l’agroécologie, même dans des sols arides, est la meilleure réponse qui soit, par rapport à toute autre méthode. Ici, les sols sont arides. L’aridité fait qu’il y a un ensoleillement très fort. Cet ensoleillement très fort stérilise les sols, c’est-à-dire qu’il les fait chauffer. Ce qui fait disparaître les microbes qui sont indispensables à leur fonctionnement. Pour nous, un sol, c’est vivant. C’est plein de microbes, de vers de terre, d’insectes, etc. C’est comme un estomac qui travaille. Et dans ce sol, quand on met des graines, les substances sont élaborées par ce sol. Si le sol ne reçoit pas ce qui lui est nécessaire pour élaborer ces substances, il a donc un métabolisme affaibli. L’un des éléments qui est absolument indispensable à la vie du sol, c’est l’humus. Les sols d’ici sont en même temps arides et dénudés.
Quand la pluie tombe, elle érode le sol, l’eau s’en va en emportant la terre. Il y a donc un énorme problème parce qu’on perd à la fois l’eau et les terres. L’agroécologie consiste à nourrir le sol et à le fertiliser avec des matières organiques élaborées. On prend ces matières organiques, les fumiers, les pailles, etc. et on les fait passer par un protocole de fermentation, en les mettant en tas et en les humectant. Dans un processus biologique, on va produire de l’humus, au bout de deux mois. Et l’humus a plusieurs avantages. D’un côté, il y a un avantage physique. Quand il s’agit de sols qui sont trop sablonneux, qui n’ont pas de corps, par exemple, ça donne du corps. Quand il s’agit de sols trop durs, avec beaucoup d’argile, ça ameublit le sol. L’humus a la capacité de retenir jusqu’à cinq fois son propre poids en eau. Quelques fois des compostes retiennent jusqu’à dix fois leur poids en eau. Pour lutter contre la sécheresse, c’est idéal.

http://www.abcburkina.net/images/









Par ailleurs, il y a tous les nutriments qui sont nécessaires à la plante. Il y a aussi des bactéries. Les bactéries sont spécialement importantes. Le composte qui est réalisé, c’est une levure et elle a infesté, positivement, le sol de ses microbes. Ces microbes vont se mettre au travail et vont revitaliser le sol. L’agroécologie intervient pour régénérer le milieu. Il y a la gestion des eaux pluviales à travers des techniques de lutte contre l’érosion, de récupération de l’eau dans les sols. Par ailleurs, il faut introduire le reboisement. L’arbre est extrêmement important pour plusieurs raisons. L’agroécologie, c’est tout cela ainsi que la sauvegarde des semences. On a perdu énormément de semences traditionnelles, au profit des semences adaptées. Mais il faut tout faire pour récupérer les semences traditionnelles. L’agroécologie c’est aussi une philosophie. C’est ainsi qu’on revient à l’amour de la terre. On aime la terre qui nous nourrit. On la soigne parce qu’on l’aime et en la soignant, elle nous nourrit.
A vous entendre, vous ne devez pas aimer les OGM !
Je suis ouvertement contre les OGM parce que c’est ce qu’on appelle des chimères. Jamais la nature n’a mélangé les espèces de cette façon, je veux dire à partir des gênes. Pendant longtemps on a croisé les plantes, mais on a jamais touché aux gênes. Les OGM c’est aussi les Organismes génétiquement modifiés et brevetés. Ce qui fait que les peuples ne pourront plus accéder à ces semences sans payer. On sait que les pays dits en développement ont déjà beaucoup de difficultés et c’est pour cela que nous nous sommes opposés aux OGM, parce qu’ils rendent dépendants. Ce sont des transinternationaux qui font des bénéfices sur tout ça et ça supprime la liberté et l’autonomie des peuples.


Etes-vous satisfait des conclusions du sommet de Copenhague ?
Pas du tout. Je suis considéré aujourd’hui comme la troisième personnalité en matière d’écologie en France. Je n’ai jamais cru que pendant ces sommets on puisse aborder véritablement les questions d’écologie. Il y a trop d’intérêts financiers. Le sommet a été un fiasco parce que derrière tout ça il y a beaucoup plus d’intérêts financiers que d’intérêts pour la nature et pour les êtres humains.
Que pensez-vous des politiques africaines en matière d’agriculture ?
La question alimentaire va devenir de plus en plus grave parce qu’il y a des sociétés internationales qui se sont arrangées pour confisquer à l’humanité sa capacité à survivre par elle-même. Aujourd’hui, il faut rendre hommage à la paysannerie, s’occuper d’elle et participer à sa formation. Un pays qui ne se nourrit pas, ne peut pas être un pays libre. De même qu’un être humain qui ne se nourrit pas ne peut pas être un homme libre. Les pays peuvent être libres par leur paysannerie, à condition de s’en occuper vraiment, de la soutenir, de l’appuyer, de la promouvoir.
Parlez-nous de votre fondation que vous voulez mettre en place ici au Burkina.
Je suis venu pour mettre en place la Fondation Pierre Rabhi pour l’agroécologie, la sécurité et la salubrité alimentaires. J’entends par sécurité que, en termes quantitatifs, il faut que les pays puissent nourrir leurs enfants et préparer les générations futures à être de futurs citoyens. Il y a aussi la question de la salubrité, c’est-à-dire que la nourriture aujourd’hui véhicule des nuisances qui sont très préjudiciables à la santé publique. On met énormément de substances chimiques et j’ai beaucoup d’amis scientifiques qui, maintenant, mettent en évidence le fait que l’alimentation détruit la santé physique quand elle véhicule des substances toxiques. J’ai l’habitude de dire que bientôt, quand on s’invitera à manger, il faudra se souhaiter bonne chance, parce qu’en fait toute l’alimentation aujourd’hui peut véhiculer des maladies. On sent la montée des cancers, des maladies du sang, même des maladies du cerveau qui sont dues à une alimentation qui véhicule des nuisances. Donc, pour ce qui concerne l’agroécologie, c’est produire en quantité, mais aussi en qualité. La nourriture doit être notre remède. Le paysan doit venir avant le médecin. Si on est bien nourri, une grande partie des pathologies disparaît.Propos recueillis par Lassina Fabrice SANOU

mardi 2 février 2010

OMC et agriculture, accord bloqué
















A l'OMC (organisation mondiale du commerce), le principe général des négociations est celui de l'engagement unique : aucun accord n'est trouvé tant que les Etats ne sont pas d'accord sur tout. Historiquement, deux dossiers ont contribué à bloquer un accord général, l'agriculture et l'accès aux non agricoles dit "NAMA" en anglais.
Si pour l'OCDE (organisation de coopération et de Développement économiques) , l'activité agricole ne représente plus que quelques points de PIB, pour de nombreux pays de la planète, elle est l'activité essentiel-
le, voire primordiale, dont dépend directement la majeure partie de la population, tandis qu'elle conditionne l'alimentation de toute la population des villes. Le Burkina Faso est dans cette situation où les prix bas du riz, du maïs et du coton importés ont pour origine les subven-
tions agricoles des grandes puissances à l'exportation...
Les petits et moyens Etats ont bien du mal à contrer la volonté des grands acteurs, et rien de nouveau n'est sur la table. Pire, dans l'état actuel des pourparlers, le risque est de voir le multilatéralisme dont se flatte l'OMC se transformer en une succession de négociations bilatérales, ce qui oterait toute possibilité de coalition aux petits et moyens Etats...
(source : le bulletin n° 79 de "Lignes d'ATTAC", bulletin de l'association pour une taxation des transactions financières et pour l'action citoyenne).





Par ailleurs,l'activité agricole au Burkina Faso, dont les cultures vivrières, souffre aussi des stratégies des intermédiaires grossistes qui obligent les agriculteurs à vendre à des prix de plus en plus bas. Ainsi, plus d'une décennie après son lancement officiel, la filière de la noix de cajou (fruit de l'anacardier, l'anacarde est notamment cultivé par des paysans de la région de Sindou et Banfora) n'est pas parvenue à tracer sa voie. Les performances réalisées sont vite confrontées à la baisse vertigineuse du prix de la noix sur le marché. De 300 F kg en 2002, le prix du kilo de la noix brute est tombé en 2006 à moins de 100F (il s'agit de prix bord champ). Tandis que la production croît d'année en année, ce sont les acheteurs qui imposent leur prix aux paysans. Ces paysans pratiquent une polyculture avec des méthodes et surtout des outils traditionnels mais qui évoluent et peuvent donner des bons rendements, sans avoir recours aux engrais chimiques et pesticides...ainsi, le fumier des poules, quand elles sont élévées en poulailler (ce qui est nouveau à Sindou mais qui est en progression dans le pays), est un fertilisant utilisé par la jeune génération d'agriculteurs. Ces nouveaux modes de culture et d'élevage (comme la fosse à fumure et le zaï) sont introduits par des agronomes burkinabés, accompagnés ou pas par des ONG.