lundi 10 octobre 2011

Etre PEUL au Burkina Faso















Les bonnes questions du président de SEDELAN
Koudougou, le 9 octobre 2011

ces jours-ci, j'ai pris le temps d'interroger quelques vieux peuls, chefs de familles. J'en ai interroger un au sud de Fara (au sud de la mine d'or de Poura). Je lui ai demandé depuis quand ils étaient arrivés « ici ». Il m'a dit, qu'il ne savait pas exactement, mais que c'était bien avant l'arrivée « des blancs » ! C'est à dire, il y a plus de cent ans.
J'ai demandé s'ils pratiquaient la transhumance. Il m'a répondu : « Oui, depuis 8 à 10 ans. Avant cela, il y avait assez de place pour nos animaux. Et surtout, il y a trop de feux de brousse maintenant ». J'ai demandé comment se passait la transhumance ; notamment si les femmes accompagnaient les troupeaux. Il m'a répondu que seuls « les enfants (les hommes) de 30 à 40 ans partaient en transhumance. » On rassemblaient tous les troupeaux du village, et on choisissait une douzaine d'hommes (donc pas de femmes) pour accompagner le bétail. Une douzaine d'hommes sur une population de 300 à 400 peuls. A peine 4% de leur population. Cette transhumance dure environ 5 mois (vers Batie, et le Ghana) : de fin janvier-début février à fin juin-début juillet.
Ayant appris que les femmes ne partaient pas en transhumance, je me suis inquiété de la nourriture que pouvait mangé les hommes qui accompagnaient le troupeau. Il m'a été répondu qu'ils mangeaient essentiellement du bassi (couscous de petit mil) dilué dans du lait. Parfois des ignames.














Les autres peuls que j'ai interrogés ces jours-ci habitent la région de Founzan (l'un à l'ouest, l'autre au sud). Les deux sont nés dans le village qu'ils habitent aujourd'hui, l'un en 1 935, l'autre en 1 942 ou 1943. Ils sont bel et bien sédentarisés. Davantage que certains mossis, ou même certains fonctionnaires séparés de leur famille par une affectation dans une région éloignée.
Soyons sérieux, les peuls du Burkina sont bel et bien sédentarisés, parfois depuis fort longtemps. Malgré cela, souvent, ils manquent de terre. Ils sont rarement propriétaires du terrain où ils habitent. C'est pourquoi ils n'ont pas le droit d'y planter des arbres.
A vrai dire, on peut penser que le gouverneur connaissait très bien tout cela. Alors, demander aux éleveurs de se sédentariser serait une façon de rendre responsable les peuls des conflits de plus en plus fréquents entre éleveurs et agriculteurs, notamment des conflits fonciers autour des zones pastorales que les agriculteurs voudraient s'approprier. Nous y reviendrons. Il est même probable que l'occupation des terres deviennent un des thèmes majeurs de notre lettre, car rien n'est réglé.
Quand j'entends, ou que je lis, presque chaque jour, que beaucoup de terres agricoles du Burkina ne sont pas exploitées, mais qu'en même temps je vois que les éleveurs traditionnels n'ont plus d'espace disponible pour leurs troupeaux, je me pose des questions.
Quand je lis que la population du Burkina double tous les 25 ans, mais qu'en même temps je vois qu'on offre à des sociétés multinationales des centaines de milliers d'hectares pour y faire pousser du jatropha, j'ai l'impression que l'on pense davantage à l'avenir des pays riches, gros consommateurs de carburant, qu'à l'avenir des burkinabè.
Koudougou, le 9 octobre 2011
Maurice Oudet
Président du SEDELAN

lundi 26 septembre 2011

Honte à Agritech Faso et aux promoteurs industriels de jatropha.

Le lundi 8 août 2011, le quotidien burkinabè « L'Observateur Paalga » publiait un article intitulé :
« Boni : Nous avons vu couler le biodiesel « made in Burkina ». En introduction, il est dit : « Pari réussi dans le projet de biocarburant à base de jatropha à Boni dans la province de Tuy. » Et pourtant !

jatropha dans une terre aride, entre Boni et Pa : où sont les noix ? terre aride +goutte à goutte : toujours pas ne noix, ou si peu !L'article poursuit : « Recueilli pour la première fois le samedi 3juillet 2011, ce biodiesel est jugé de très bonne qualité » Qu'il soit de bonne qualité, je n'ai pas à en douter. Mais quand j'ai lu (page 10 et 11) les propos du maire de Boni : « C'est un projet communautaire avec implication totale de la population », je me suis dit : « Ou la situation s'est améliorée depuis 2007 (lire : Agro carburants : chance ou menace pour les paysans burkinabè ?), ou il s'agit d'un article publicitaire. Cela vaut la peine d'aller voir de plus près. Je vais aller interroger quelques un de mes amis. Ils y sont nombreux, depuis que j'ai passé 4 ans (de 1993 à 1997) dans ce village ».

C'est ainsi qu'il y a quelques jours, j'ai pu m'arrêter quelques heures à Boni. Ce que j'ai vu et entendu n'est pas très glorieux. Le jatropha n'est pas « la plante miraculeuse » dont on nous dit qu'elle pousse sur les sols arides. En effet, Agritech Faso a bien fait quelques essais dans la plaine peu fertile de Boni. Mais les résultats ne sont pas brillants (voir les photos ci-contre, malgré l'irrigation du sol, avec un système de goutte à goutte!).

Bien nourri, le jatropha peut donner des noix Voici les noix prêtes à être cueillies !Par contre au village, j'ai vu de beaux jatrophas en bordure d'une cour. Des arbres bien nourris avec de beaux fruits, qui confirment ce que je disait le 21 mars 2009 : Le jatropha ressemble beaucoup à une vache laitière.

Je n'ai pas vu « l'implication totale de la population ». Plusieurs m'ont dit que même le Conseil Municipal prend ses distances avec le Maire. Que ce n'est pas un projet communal, comme cela avait été dit au début, mais le projet de M. Patrick Bondé, maire de Boni.

Pire, les paysans regrettent déjà d'avoir consacré trop de terre au « projet jatropha ». Certains ont commencé à arracher quelques plants, mais la peur les empêche de tout arracher. Ils ont peur d'avoir des ennuis avec Afritech... voire avec le gouvernement.








Les paysans de Boni, qui ont tous quelques animaux, regrettent d'avoir céder la colline au profit du « projet jatropha ». Ils ne savent plus où conduire leurs animaux pour les faire paître...

Parfois, la division surgit dans les familles. Par exemple quand un « vieux » qui avait partagé ses terres (attribué, mais pas donné) entre ses fils, et qu'il reprend deux hectares au plus jeune pour les « donner » contre de l'argent au projet jatropha, c'est à dire à Agritech Faso. La jalousie s'instaure entre les enfants... L'unité de la famille et la solidarité tendent alors à disparaître.

Dans la maison d'Ambroise, les tout premiers plants de jatropha Dans la pépinière d'Agritech FASO, dite Le journaliste a repris les propos du Maire de Boni : « Plus d'une centaine de personnes bénéficient de salaires réguliers sans compter les travailleurs temporaires, qui sont, eux aussi, rémunérés ». Si c'est vrai, ils ont bien de la chance. En disant cela je pense à mon ami Ambroise qui a été embauché comme pépiniériste en 2007 (il a laissé son travail de maraîchage pour cela). Il a travaillé dur avec une réussite certaine (les photos ci-contre en témoignent), mais il n'a jamais été payé malgré mon intervention auprès du Maire de Boni. Il a donc été en justice à Bobo...

Le 12 novembre 2009, le tribunal de Bobo-Dioulasso condamnait « le Projet Jatropha » (représenté précédemment par M. BONDE Yacouba) à payer à Yimien Ambroise un peu plus de 1 800 000 F. Mais il n'a toujours pas été payé sous-prétexte que le « projet Jatropha » n'a pas d'existence juridique. Aujourd'hui, la procédure suit son cours pour que soit condamnée la société Agritech Faso. Mais quand celle-ci sera condamné on nous demandera sans doute :« êtes-vous sûr qu'au moment des faits la société AGRITECH FASO avait une existence juridique ? »

Ce qui est sûr, c'est que le Maire de Boni connaît bien les faits et qu'il sait qu'il fait bien partie des responsables de cette injustice, comme les autres promoteurs de AGRITECH FASO. Comment être fier d'une « telle réussite » quand dès le début les paysans ne sont pas payés, et n'arrivent pas à se faire payer... même quand ils gagnent leurs procès ?

Honte au Maire de Boni ! Honte à AGRITECH FASO !

Sur la route de Ouagadougou à Bobo-Dioulasso, Agritech FASO, dit projet jatropha Tant qu'un seul paysan restera impayé, les promoteurs du projet jatropha ne devrait pas envisager d'inaugurer leur grande usine : « Ce sera la plus grande usine de biodiesel en Afrique de l'Ouest » se réjouit M. Rouamba de retour d'une mission de prospection dans le Sud-Ouest (L'Observateur Paalga) … à la conquête de nouvelles terres, tant AGRITECH FASO est insatiable. Les paysans devraient s'en méfier...

Mais aussi, honte aux promoteurs industriels de jatropha. Le cas de ce projet de Boni est en effet révélateur de l'hypocrisie de ces promoteurs et de leurs discours.

Le jatropha, serait une plante miracle qui pousse dans les terres arides, et donc sa culture n'entrera pas en concurrence avec les cultures vivrières. A Boni nous voyons déjà que ce n'est pas vrai, alors que le projet n'en est qu'à ses débuts. Et le directeur général adjoint d'AGRITECH FASO, Pascal Rouamba n'hésite pas à dire (dans ce même numéro de l'Observateur Paalga) ! « La crainte d'une concurrence avec les cultures vivrières est une appréhension non fondée ». Mais les paysans de Boni regrettent déjà d'avoir consacrée trop de terre au jatropha...

Et pour nous faire croire ce mensonge, on n'arrête pas de répéter : « Le jatropha peut servir de haie vive ! ». Mais ça les paysans le savent depuis longtemps. Ils n'ont pas eu besoin d'AGRITECH FASO pour faire des haies de jatrophas. Mais curieusement ces mêmes promoteurs, quand ils nous parlent de leurs ambitions ne s'expriment pas en km de haies, mais en hectares ! Ainsi la société BRP, basée à Abidjan a pour objectif la production d'un million d'hectare de jatropha. Soit en km de haies, environ 160 000 km, c'est à dire 4 fois le tour de la terre ! AGRITECH, lui calcule en centaine de milliers d'hectares ! Qui ose encore affirmer que « la crainte d'une concurrence avec les cultures vivrières est une appréhension infondée ! » Dans peu de temps, nous en ferons la triste expérience : la promotion industrielle du jatropha et la paix sociale sont incompatibles.

J'ai bien peur que les premiers touchés par la folie du jatropha soient les éleveurs, à l'instar des agriculteurs-éleveurs de Boni qui ne savent déjà plus où aller faire paître leurs animaux. On nous dit qu'il reste beaucoup de terres disponibles, mais alors pourquoi les éleveurs ne savent pas où se rendre pour la transhumance ?

Koudougou, le 25 septembre 2011
Maurice Oudet
Président du SEDELAN

dimanche 24 juillet 2011

quelques nouvelles de la filière coton du Burkina par le président du SEDELAN




Il est temps que je vous donne quelques nouvelles de la filière coton du Burkina. En effet, ceux qui n'ont pas accès à la presse burkinabè peuvent croire que depuis les conflits entre les producteurs de coton et la SOFITEX dont je vous ai parlé dans ma lettre du 8 mai 2011 sont résolus. Or il n'en est rien . Dans plusieurs provinces, non seulement le boycott de la campagne cotonnière est une réalité, mais certains producteurs de coton vont jusqu'à détruire les champs de coton d'autres producteurs.
Comment en est-on arrivé là ?
C'est ce que je voulais comprendre avant de vous en parler. Mais, commençons par rappeler quelques faits. Le 9 mai, l’Association interprofessionnelle du coton du Burkina (AICB) confirmait les prix d'achat du coton pour la prochaine campagne. Seule une réduction de 1 000 F par sac de 50 kg d'engrais était accordée. Le 12 mai on pouvait lire dans la presse nationale une copie du document témoignant de cette dernière décision. Cette copie, comme il se doit, est signée du président de l'AICB, qui n'est autre que le président de l'Union Nationale des Producteurs de Coton du Burkina. Et le lendemain, ce dernier, donc le Président de l'UNPCB, signait un article fustigeant les producteurs de coton partisan du boycott. Cet article est paru dans le N° 6923 du quotidien burkinabè Sidwaya.
Il faudra bien un jour que l'on se demande si l'UNPCB est bien dans son rôle (et donc se demander également : quel devrait être son rôle) quand elle signe comme président d'une structure interprofessionnelle, le prix d'achat du coton ? Quand elle n'est pas suivi par sa base, ne devrait-elle pas s'abstenir ?
Toujours est-il, qu'à partir de là, le dialogue a semblé rompu, et que de nombreux producteurs de coton n'ont pas apprécié ces décisions. Dans plusieurs provinces des réunions de producteurs se sont tenues au cours des quelles la décision a été prise de ne pas faire de coton cette année. Par la suite, selon ce qu'il m'a été rapporté, certains producteurs qui avaient adhérer à la décision commune, ont fait marche arrière, et ont semé du coton. C'est alors que dans plusieurs localités du pays, les plus décidés ont réagi à cette volte-face et ont été jusqu'à détruire ces semis de coton.









Il est aisé de comprendre que cela n'a pas été apprécié par le gouvernement. Mais fallait-il utiliser la force ? En tout cas, c'est ce qui a été fait dans le Kénédougou (sud-ouest du Burkina). En témoigne l'article ci-dessous paru dans le quotidien Sidwaya du vendredi 15 juillet 2011.
« Autorisés à intervenir dans la province du Kénédougou, sur réquisition spéciale, pour protéger les personnes qui ont décidé de produire du coton, des éléments de la police et de la gendarmerie ont dû affronter, le lundi 11 juillet 2011 à Deina, village situé dans la commune rurale de N’Dorola, des paysans qui ont détruit une centaine d’hectares de champs de coton.
Au regard de la situation qui prévaut actuellement dans le Nord du Kénédougou, le gouvernement a été obligé de prendre ses responsabilités. En effet, depuis quelque temps, des producteurs mécontents, empêchent d’autres de s’investir dans la culture du coton. Le 4 juillet dernier par exemple, 52 hectares de champs de coton avaient été saccagés à Zanfara, par des paysans du département de Morolaba. Ces champs appartiennent à des producteurs de Kodona ayant leurs exploitations agricoles à Zanfara, dans le département de Morolaba. Depuis, la tension est vive dans cette partie de la province.
Selon nos sources, les autorités ont décidé de prendre des mesures énergétiques pour mettre fin à ces actes de vandalisme. C’est ainsi qu’un premier contingent de forces de défense et de sécurité, fort de 60 éléments, a été dépêché sur les lieux, dans la nuit de samedi 9 à dimanche 10 juillet 2011. Ensuite, s’en est suivi un autre, composé de 45 éléments, le lundi. Aussitôt, ces forces de l’ordre ont mis la main sur quelques meneurs. Une situation qui a amené les autres producteurs « rebelles » à prendre d’assaut la brigade territoriale de la gendarmerie de N’Dorola pour exiger la libération de leurs camarades. Face au refus des forces de l’ordre d’obtempérer, ces derniers sont repartis dans le village de Deina, non loin de Bangasso, où ils ont détruit plus de 100 hectares de coton.
C’est ainsi que les forces de défense et de sécurité ont intervenu. Et cela a créé un affrontement entre les deux parties. Le bilan fait état de 2 véhicules détruits au niveau des forces de l’ordre et 3 gendarmes légèrement blessés. Aucune perte en vie humaine n’a été constatée. Du côté des paysans, il y aurait également quelques blessés, mais on ignore leur nombre. Pour l’heure, le calme est revenu dans la zone et les forces de l’ordre continuent leur patrouille pour mettre la main sur tous les meneurs. Selon toujours nos sources, certains producteurs « rebelles », de peur de ne pas se faire arrêter, ont fui leurs villages pour des destinations inconnues. Dans ces villages, on ne trouve désormais que des femmes. Quant aux paysans arrêtés, ils auraient été transférés à Bobo-Dioulasso. »
Signé : Apollinaire KAM
De nombreux commentaires ont été publiés sur le site web du quotidien Sidwaya. Je ne veux pas prolonger la polémique qu'ils manifestent. Je conclurai, comme annoncé, par cette question : le rôle de l'UNPCB est-il un rôle syndical qui pourrait aller jusqu'à conseiller de ne pas faire de coton (si pour différentes raisons les producteurs n'y trouvaient pas leur intérêt) ou est-il de défendre la filière coton quoi qu'il en coûte aux producteurs (défendant ainsi les intérêts de l'Etat et des sociétés cotonnières) ?

Koudougou, le 18 juillet 2011
Maurice Oudet
Président du SEDELAN

samedi 16 juillet 2011

De l'habitat troglodyte au tourisme solidaire



Quand des paysans se font hôteliers : le campement de Niansogoni.
Le week-end dernier, avec un ami et un petit-neveu, je me suis offert un peu de tourisme. Nous avons été dans le sud-ouest du pays, visitant les cascades de Banfora et les rochers de Sindou. De là, nous avons rejoint le village de Niansogoni, et son campement. Le site est remarquable. Le campement également.


Le village de Niansogoni, est un village « Wara ». Les Waras forment un sous-groupe de l'ethnie sénoufo qui compte environ 1 500 000 individus, répartis en plus de 30 sous-groupes. Le pays sénoufo, lui, s'étend sur 3 États : le Mali, la Côte d'Ivoire et le Burkina Faso.
Niansogoni en sénoufo signifie « entre les collines ». Le nom Wara du village «kwomu» («10 familles») rappelle les dix familles qui créèrent le village. Il n'y a pas si longtemps, les Waras vivaient dans la falaise, dans les rochers. Les derniers habitants de Niansogoni à abandonner le site et à s'installer dans la plaine le firent en 1980. Ceci explique le bon état général de ces habitats troglodytes et la présence de vestiges qui nous permettent d'imaginer ce fut la vie quotidienne des habitants : jarres, greniers de forme ogivale superbement décorés, divers ustensiles et outillages (lames de houe, marmites, des cors en fer, etc.).



L’accès au site et aux ruines troglodytes demande trois quarts d'heure d'ascension. Des guides, fils du village, dont les parents habitaient ces ruines, se feront un plaisir de vous accompagner.






Il me faut également parler du campement. Ce n'est évidemment pas la première fois que je suis hébergé par des paysans. Quand j'étais en paroisse à Kiembara au pays samo, au nord-ouest du Burkina, je passais la moitié de mes nuits dans les villages, accueilli par des familles de paysans. Quand j'apprenais le samo, puis le samoma (deux langues qui ne sont pas de la même famille), j'ai passé des mois dans les villages, logeant chez des paysans. Mais avec le campement de Niansogoni, c'est la première fois que je logeais dans une structure hôtelière gérée directement par les paysans du village. Et j'ai bien apprécié, comme mes compagnons. Je ne parle pas seulement des commodités : une case ronde pour chacun (avec douche à l’extérieur), un lit avec moustiquaire et des draps propres, un repas tout à fait correct, avec une bière bien frappée (grâce à un frigo solaire), un petit-déjeuner avec du pain et de la confiture de mangues... et tout cela pour 10 euros environ par personne.
Mais ce que j'ai apprécié le plus, c'est que les touristes n'ont pas abîmé le village (ils ne l'ont pas gâté !, comme on dit ici). Aucun enfant ne nous a approchés pour demander un cadeau ou un bic, ou encore des bonbons, comme c'est trop souvent le cas dans les lieux touristiques. J'ai cherché à comprendre comment cela était possible ?
Je me suis tourné vers Richard. C'est lui qui est à l'origine du campement : « C'est en 2002 que nous avons eu l'idée de construire un campement pour accueillir les touristes qui devenaient de plus en plus nombreux, surtout en janvier et février. Dès le début, nous avons voulu que ce soit l'affaire de tout le village. C'est pour cela que nous avons créé une association de solidarité pour le développement de Niansogoni. Nos vieux y participent. Aucune décision importante n'est prise sans leur accord. C'est ainsi qu'en 2002, nous avons construit les 4 premières cases, et les douches et les latrines. »


Je lui dis que je suis étonné, mais heureux, de constater qu'aucun enfant n'est venu demander un cadeau ou des bonbons. Il me répond : « Dès le début et jusqu'à aujourd'hui, nous expliquons aux touristes qu'en donnant des cadeaux aux enfants, ils vont les « gâter ». J'ai visité le pays dogon, et je ne veux pas que les touristes transforment nos enfants en mendiants. Je leur dis parfois : Pourquoi, parce que vous êtes plus riches que moi, allez-vous donner à mes propres enfants plus que ce que je peux leur donner moi-même. Il y a des villages où les touristes ont tellement pourri les enfants, que certains ne vont plus à l'école ! C'est aussi pour cela que nous avons créé notre association. Si vous voulez aider nos enfants, faites vos dons à notre association, nous pourrons leur offrir leurs fournitures scolaires. Les touristes comprennent ce langage. Certains ont même été jusqu'à créer une association dans leur propre pays pour soutenir notre village à travers notre association. Grâce à eux, notre école a maintenant 6 classes, au lieu des trois précédemment. »
Aujourd'hui, plusieurs jeunes ont reçu une formation de guide et d'accompagnateur. En lien avec des agences de tourisme présentes au Burkina, ils peuvent accompagner des groupes de 4 à 9 touristes pour des randonnées à pied d'une ou deux semaines.
Nous avons là une initiative paysanne qui, me semble-t-il, mérite d'être connue.

Koudougou, le 9 juillet 2011
Maurice Oudet
Président du SEDELAN

mardi 5 juillet 2011

«Y'en a marre», Sénégal







Après une décennie de mouvements isolés, les Sénégalais se sont très largement mobilisés le jeudi 23 juin pour contraindre Wade à abandonner son projet. Des milliers de personnes, essentiellement des jeunes, ont fait bloc pour exprimer leur colère et leur écœurement face à un système politique corrompu et verrouillé. Dans les rues de Dakar, les manifestants scandaient «Y'en a marre». «Y'en a marre», comme le nom du collectif qui avait appelé à ces rassemblements.

Les coupures régulières d'électricité paralysent le pays depuis plusieurs années et sont l'une des revendications majeures des mouvements citoyens. «Globalement, ils ont l'électricité une heure sur deux parce que la compagnie nationale (la Sénélec) produit le courant au fioul, expliquent les trois anthropologues. L'argent destiné à acheter le fioul n'est visiblement pas allé où il fallait, alors que le ministre de l'énergie est Karim Wade, le fils du président. Comme les fournisseurs de fioul ne veulent plus faire crédit, beaucoup de centrales ne fonctionnent pas.»





Cette situation cristallise bon nombre des colères : «Quand il y a des émeutes, les sièges de la Sénélec sont pris d'assaut et détruits. Le 23 juin, le mouvement concernait la question constitutionnelle, mais au passage, quelques sièges de la Sénélec ont été saccagés.»




Aux problèmes désormais «classiques» des inondations et des coupures d'électricité vient aujourd'hui s'ajouter celui des expulsions, liées à la construction d'une autoroute à péage reliant Dakar à Diamniadio. «Dans un pays où le PIB par habitant est inférieur à celui de l'Inde, on se demande qui va payer ce péage...», remarquent les anthropologues.

«C'est Bouygues et l'entreprise Apix (Agence nationale chargée de la promotion de l'investissement et des grands travaux) qui sont derrière le projet. Des gens vont gagner de l'argent là-dessus et l'État, comme toujours, va les y aider.» Qu'importe si pour cela des milliers de Sénégalais sont mis à la rue.

Source : http://www.mediapart.fr/journal/international/020711/senegal-les-yen-marre-font-trembler-le-regime-wade?page_article=4

dimanche 3 juillet 2011

Les fonds de pension : des acteurs clés dans l'accaparement mondial des terres agricoles

Les acquisitions de terres agricoles à grande échelle provoquent conflits et controverses dans le monde entier. Et pourtant, les fonds continuent à déferler sur les terres agricoles à l'étranger, comme attirés par un aimant. Une situation qui s'explique par les rendements qu'on peut attendre de ces investissements. Et parmi ceux qui recherchent les bénéfices dans la terre agricole, certains des principaux acteurs sont des fonds de pension, qui investissent des milliards de dollars dans ce secteur.
Les fonds de pension brassent aujourd'hui 23 000 milliards de dollars US d'actifs, dont 100 milliards de dollars sont apparemment investis dans les produits de base. Sur cet argent investi dans les produits de base, entre 5 et 15 milliards de dollars serviraient à acquérir des terres agricoles. D'ici 2015, ces investissements dans les matières premières et les terres arables sont censés doubler.
Un nouveau rapport de GRAIN explore le rôle des fonds de pension dans l'accaparement mondial des terres. Selon les experts, ces fonds sont les plus gros investisseurs institutionnels de terres agricoles à l'étranger. Et pourtant, ces investissements utilisent les économies des gens pour leur retraite. Les fonds de pension sont donc peut-être l'une des rares catégories d'accapareurs de terres auxquelles les gens peuvent couper l'herbe sous le pied, pour la bonne et simple raison que c'est de leur argent qu'il s'agit.
Pour lire ce nouveau numéro d'À contrecourant, c'est ici : http://www.grain.org/articles/?id=81

news@grain.org

jeudi 30 juin 2011

S'informer, c'est résister...


http://www.petitiononline.com/accap...

Appel de Dakar contre les accaparements de terres
Nous, organisations paysannes, organisations non-gouvernementales, organisations confessionnelles, syndicats et autres mouvement sociaux, réunis à Dakar pour le Forum Social Mondial de 2011 :

Considérant que les agricultures paysannes et familiales qui regroupent la majorité des agriculteurs et des agricultrices du monde, sont les mieux placées pour :

•répondre à leurs besoins alimentaires et ceux des populations, assurant la sécurité et la souveraineté alimentaires des pays, fournir des emplois aux populations rurales et maintenir un tissu économique en zones rurales, clé d’un développement territorial équilibré,
•produire en respectant l’environnement et en entretenant les ressources naturelles pour les générations futures ;
Considérant que les récents accaparements massifs de terres au profit d’intérêts privés ou d’États tiers ciblant des dizaines de millions d’hectares - que ce soit pour des raisons alimentaires, énergétiques, minières, environnementales, touristiques, spéculatives, géopolitiques - portent atteinte aux droits humains en privant les communautés locales, indigènes, paysannes, pastorales, forestières et de pêcherie artisanale de leurs moyens de production. Ils restreignent leur accès aux ressources naturelles ou les privent de la liberté de produire comme ils le souhaitent. Ces accaparements aggravent également les inégalités d’accès et de contrôle foncier au détriment des femmes ;

Considérant que les investisseurs et les gouvernements complices menacent le droit à l’alimentation des populations rurales, qu’ils les condamnent au chômage endémique et à l’exode rural, qu’ils exacerbent la pauvreté et les conflits et qu’ils contribuent à la perte des connaissances, savoir-faire agricoles et identités culturelles ; Considérant enfin que la gestion foncière, ainsi que le respect des droits des peuples, sont d’abord sous la juridiction des parlements et gouvernements nationaux et que ces derniers portent la plus grande part de responsabilité dans ces accaparements ;

Nous en appelons aux parlements et aux gouvernements nationaux pour que cessent immédiatement tous les accaparements fonciers massifs en cours ou à venir et que soient restituées les terres spoliées. Nous ordonnons aux gouvernements d’arrêter d’oppresser et de criminaliser les mouvements qui luttent pour l’accès à la terre et de libérer les militants emprisonnés. Nous exigeons des gouvernements nationaux qu’ils mettent en place un cadre effectif de reconnaissance et de régulation des droits fonciers des usagers à travers une consultation de toutes les parties prenantes. Cela requiert de mettre fin à la corruption et au clientélisme, qui invalident toute tentative de gestion foncière partagée.

Nous exigeons des gouvernements et Unions Régionales d’États, de la FAO et des institutions nationales et internationales qu’elles mettent immédiatement en place les engagements qui ont été pris lors de la Conférence Internationale pour la Réforme Agraire et le Développement Rural (CIRADR*) de 2006, à savoir la sécurisation des droits fonciers des usagers, la relance des processus de réformes agraires basés sur un accès équitable aux ressources naturelles et le développement rural pour le bien-être de tous. Nous réclamons que le processus de construction des Directives de la FAO* soit renforcé et qu’il s’appuie sur les droits humains tels qu’ils sont définis dans les différentes chartes et pactes internationaux - ces droits ne pouvant être effectifs que si des instruments juridiques contraignants sont mis en place au niveau national et international afin que les États respectent leurs engagements. Par ailleurs, il incombe à chaque état d’être responsable vis à vis de l’impact de ces politiques ou des activités de ses entreprises dans les pays ciblés par les investissements. De même, il faut réaffirmer la suprématie des droits humains sur le commerce et la finance internationale, à l’origine des spéculations sur les ressources naturelles et les biens agricoles.

Parallèlement, nous invitons le Comité de la Sécurité Alimentaire mondiale (CSA*) à rejeter définitivement les Principes pour des Investissements Agricoles Responsables (RAI*) de la Banque Mondiale, qui sont illégitimes et inadéquats pour traiter le phénomène, et à inclure les engagement de la CIRADR ainsi que les conclusions du rapport d’Évaluation Internationale des Connaissances, des Sciences et Technologies Agricoles pour le Développement (IAASTD*) dans son Cadre d’Action Globale.

Nous exigeons que les États, organisations régionales et institutions internationales garantissent le droit des peuples à avoir accès à la terre et soutiennent l’agriculture familiale et l’agroécologie. Ces initiatives doivent être basées sur l’agriculture familiale et la production vivrière agro-écologique. Des politiques agricoles appropriées devront prendre en compte les différents types de producteurs (peuples autochtones, éleveurs nomades, pêcheurs artisanaux, paysans et paysannes et bénéficiaires des réformes agraires) et répondre plus spécifiquement aux besoins des femmes et des jeunes.

Enfin, nous appelons les citoyen-ne-s et les organisations de la société civile du monde entier à soutenir - par tous les moyens humains, médiatiques, juridiques, financiers et populaires possibles - tous ceux et toutes celles qui luttent contre les accaparements de terres et à faire pression sur les gouvernements nationaux et sur les institutions internationales pour qu’ils remplissent leurs obligations vis à vis des droits des peuples.

Nous avons tous le devoir de résister et d’accompagner les peuples qui se battent pour leur dignité !

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jeudi 16 juin 2011

une nouvelle campagne internationale pour l'accès de tous à l'alimentation


Le 1er juin 2011, Oxfam a lancé une nouvelle campagne internationale pour s'assurer que chacun et chacune ait suffisamment à manger. C'est ainsi qu'Oxfam Burkina et ses partenaires se sont retrouvés à Ouagadougou pour demander l'accès de tous à l'alimentation.

À cette occasion, le directeur d’Oxfam Burkina, Omer Kaboré, a décrit le contexte de la situation alimentaire régionale et nationale : « Cette crise alimentaire que nous vivons, et la flambée des prix des denrées alimentaires, est le fait d’une absurde injustice mondiale ». Ainsi, chaque jour, près d’un milliard de personnes souffrent de la faim, alors que « notre monde produit suffisamment de nourriture pour tous et toutes ».

Pour lutter contre cette injustice, il faut faire un minimum d'analyse, sinon on risque de se tromper de remèdes. C'est bien de rappeler qu'un milliard de personnes souffrent de la faim. Mais il est bon d'ajouter que parmi eux, 700 000 sont des paysans. On ne peut pas se contenter de mesures à court terme comme celles du gouvernement burkinabè qui a décidé de subventionner le riz importé pendant 3 mois pour soulager les consommateurs urbains. Et les consommateurs ruraux, qui forment 80% de la population, faut-il les oublier parce qu'ils n'ont rien cassé ? !
Aujourd'hui, le monde entier s'inquiète de la volatilité des prix de l'alimentation sur le marché mondial. Je constate que le Burkina et les autres pays de l'Afrique de l'Ouest sont mal à l'aise avec les taxes fixes à l'importation. Et c'est fort compréhensible. Les gouvernements sont tiraillés entre deux orientations. La première : nourrir la ville aux moindres coûts, quitte à supprimer, par exemple, la taxe à l'importation sur le riz (comme en 2008), voire subventionner le riz importé (comme cette année 2011, depuis le 9 mai). D'un autre côté, ils voudraient bien soutenir leurs paysans, mais sans pénaliser les consommateurs urbains. C'est pourquoi les gouvernements de la CEDEAO (Communauté Économique des États de l'Afrique de l'Ouest) n'arrivent pas à s'entendre sur les produits alimentaires qu'ils pourraient taxer à l'importation à un taux de 35%.
C'est qu'en effet, une telle taxe fixe, loin de protéger du marché mondial, va amplifier ses variations. Prenons un exemple. Supposons qu'un sac de 50 kg de riz arrive aujourd'hui au port d'Abidjan à 10 000 F. Si vous lui appliquez une taxe de 35%, il va coûter 13 500 F. Vous avez ajouté une taxe de 3 500 F. Supposons maintenant que la crise alimentaire mondiale s'accentue et que le prix du riz double. Avec une taxe de 35%, le riz va maintenant coûter 27 000 F. Votre taxe a aggravé la situation en faisant exploser le prix du riz.Remplaçons maintenant cette taxe à un taux fixe de 35%, par un prix d'entrée fixé à 13 500 F. Aujourd'hui, il n'y a rien de changé. Mais si le prix du riz double sur le marché mondial, pour atteindre les 20 000 F le sac de 50 kg, il n'y aura pas une taxe à imposer. En effet le prix mondial est alors au-dessus du prix d'entrée, il peut entrer librement à l'intérieur du marché commun de la CEDEAO. Il coûtera donc 20 000 F au lieu de 27 000 F.
S'il arrivait que le prix du riz baisse sur le marché mondial (hypothèse peu probable actuellement), alors, et alors seulement, il serait taxé. Cette taxe serait égale à la différence entre le prix du riz arrivé au port d'Abidjan (ou de Cotonou, etc.) et le prix d'entrée. Cette taxe est appelée « prélèvement ». Et comme elle varie en fonction du prix sur le marché mondial, on précise « prélèvement variable ». Voyons deux exemples. Le sac de 50 kg de riz arrive à l'entrée de la CEDEAO à 11 000 F, le prélèvement sera de 13 500 F - 11 000 F = 2 500 F. S'il grimpe à 13 000 F, le prélèvement ne sera plus que de 500 F (13 500 F - 13 000 F = 500 F). Et les prix resteront stables sur le marché national. Les consommateurs urbains apprécieront cette stabilité et également les producteurs de riz qui sauront à quoi s'en tenir. Il s'agit donc de trouver un prix juste qui permette aux producteurs de riz burkinabè de vivre dignement de leur travail (et donc de développer la filière riz) et aux consommateurs urbains de continuer à avoir accès au riz, qu'il soit local ou importé.
La CEDEAO pourrait commencer par fixer quelques prix d'entrée sur les produits les plus sensibles (par exemple le riz, le sucre, l'huile, le lait en poudre et les substituts au lait concentré sucré et au double concentré de tomate). Puis, peu à peu remplacer l'ensemble du TEC (le Tarif Extérieur Commun, c'est-à-dire l'ensemble des taxes à l'importation) par des prix d'entrée.
Le contexte mondial caractérisé par une grande variabilité des prix alimentaires offre une opportunité à la Commission de la CEDEAO pour négocier un tel changement à l'OMC (Organisation Mondiale du Commerce).Remplaçons maintenant cette taxe à un taux fixe de 35%, par un prix d'entrée fixé à 13 500 F. Aujourd'hui, il n'y a rien de changé. Mais si le prix du riz double sur le marché mondial, pour atteindre les 20 000 F le sac de 50 kg, il n'y aura pas une taxe à imposer. En effet le prix mondial est alors au-dessus du prix d'entrée, il peut entrer librement à l'intérieur du marché commun de la CEDEAO. Il coûtera donc 20 000 F au lieu de 27 000 F.
S'il arrivait que le prix du riz baisse sur le marché mondial (hypothèse peu probable actuellement), alors, et alors seulement, il serait taxé. Cette taxe serait égale à la différence entre le prix du riz arrivé au port d'Abidjan (ou de Cotonou, etc.) et le prix d'entrée. Cette taxe est appelée « prélèvement ». Et comme elle varie en fonction du prix sur le marché mondial, on précise « prélèvement variable ». Voyons deux exemples. Le sac de 50 kg de riz arrive à l'entrée de la CEDEAO à 11 000 F, le prélèvement sera de 13 500 F - 11 000 F = 2 500 F. S'il grimpe à 13 000 F, le prélèvement ne sera plus que de 500 F (13 500 F - 13 000 F = 500 F). Et les prix resteront stables sur le marché national. Les consommateurs urbains apprécieront cette stabilité et également les producteurs de riz qui sauront à quoi s'en tenir. Il s'agit donc de trouver un prix juste qui permette aux producteurs de riz burkinabè de vivre dignement de leur travail (et donc de développer la filière riz) et aux consommateurs urbains de continuer à avoir accès au riz, qu'il soit local ou importé.
La CEDEAO pourrait commencer par fixer quelques prix d'entrée sur les produits les plus sensibles (par exemple le riz, le sucre, l'huile, le lait en poudre et les substituts au lait concentré sucré et au double concentré de tomate). Puis, peu à peu remplacer l'ensemble du TEC (le Tarif Extérieur Commun, c'est-à-dire l'ensemble des taxes à l'importation) par des prix d'entrée.
Le contexte mondial caractérisé par une grande variabilité des prix alimentaires offre une opportunité à la Commission de la CEDEAO pour négocier un tel changement à l'OMC (Organisation Mondiale du Commerce).

Article publié par Maurice Oudet
Président du SEDELAN : sedelan@abcburkina.net

une nouvelle campagne internationale pour l'accès de tous à l'alimentation

Le 1er juin 2011, Oxfam a lancé une nouvelle campagne internationale pour s'assurer que chacun et chacune ait suffisamment à manger. C'est ainsi qu'Oxfam Burkina et ses partenaires se sont retrouvés à Ouagadougou pour demander l'accès de tous à l'alimentation.

À cette occasion, le directeur d’Oxfam Burkina, Omer Kaboré, a décrit le contexte de la situation alimentaire régionale et nationale : « Cette crise alimentaire que nous vivons, et la flambée des prix des denrées alimentaires, est le fait d’une absurde injustice mondiale ». Ainsi, chaque jour, près d’un milliard de personnes souffrent de la faim, alors que « notre monde produit suffisamment de nourriture pour tous et toutes ».

Pour lutter contre cette injustice, il faut faire un minimum d'analyse, sinon on risque de se tromper de remèdes. C'est bien de rappeler qu'un milliard de personnes souffrent de la faim. Mais il est bon d'ajouter que parmi eux, 700 000 sont des paysans. On ne peut pas se contenter de mesures à court terme comme celles du gouvernement burkinabè qui a décidé de subventionner le riz importé pendant 3 mois pour soulager les consommateurs urbains. Et les consommateurs ruraux, qui forment 80% de la population, faut-il les oublier parce qu'ils n'ont rien cassé ? !
Aujourd'hui, le monde entier s'inquiète de la volatilité des prix de l'alimentation sur le marché mondial. Je constate que le Burkina et les autres pays de l'Afrique de l'Ouest sont mal à l'aise avec les taxes fixes à l'importation. Et c'est fort compréhensible. Les gouvernements sont tiraillés entre deux orientations. La première : nourrir la ville aux moindres coûts, quitte à supprimer, par exemple, la taxe à l'importation sur le riz (comme en 2008), voire subventionner le riz importé (comme cette année 2011, depuis le 9 mai). D'un autre côté, ils voudraient bien soutenir leurs paysans, mais sans pénaliser les consommateurs urbains. C'est pourquoi les gouvernements de la CEDEAO (Communauté Économique des États de l'Afrique de l'Ouest) n'arrivent pas à s'entendre sur les produits alimentaires qu'ils pourraient taxer à l'importation à un taux de 35%.
C'est qu'en effet, une telle taxe fixe, loin de protéger du marché mondial, va amplifier ses variations. Prenons un exemple. Supposons qu'un sac de 50 kg de riz arrive aujourd'hui au port d'Abidjan à 10 000 F. Si vous lui appliquez une taxe de 35%, il va coûter 13 500 F. Vous avez ajouté une taxe de 3 500 F. Supposons maintenant que la crise alimentaire mondiale s'accentue et que le prix du riz double. Avec une taxe de 35%, le riz va maintenant coûter 27 000 F. Votre taxe a aggravé la situation en faisant exploser le prix du riz.Remplaçons maintenant cette taxe à un taux fixe de 35%, par un prix d'entrée fixé à 13 500 F. Aujourd'hui, il n'y a rien de changé. Mais si le prix du riz double sur le marché mondial, pour atteindre les 20 000 F le sac de 50 kg, il n'y aura pas une taxe à imposer. En effet le prix mondial est alors au-dessus du prix d'entrée, il peut entrer librement à l'intérieur du marché commun de la CEDEAO. Il coûtera donc 20 000 F au lieu de 27 000 F.
S'il arrivait que le prix du riz baisse sur le marché mondial (hypothèse peu probable actuellement), alors, et alors seulement, il serait taxé. Cette taxe serait égale à la différence entre le prix du riz arrivé au port d'Abidjan (ou de Cotonou, etc.) et le prix d'entrée. Cette taxe est appelée « prélèvement ». Et comme elle varie en fonction du prix sur le marché mondial, on précise « prélèvement variable ». Voyons deux exemples. Le sac de 50 kg de riz arrive à l'entrée de la CEDEAO à 11 000 F, le prélèvement sera de 13 500 F - 11 000 F = 2 500 F. S'il grimpe à 13 000 F, le prélèvement ne sera plus que de 500 F (13 500 F - 13 000 F = 500 F). Et les prix resteront stables sur le marché national. Les consommateurs urbains apprécieront cette stabilité et également les producteurs de riz qui sauront à quoi s'en tenir. Il s'agit donc de trouver un prix juste qui permette aux producteurs de riz burkinabè de vivre dignement de leur travail (et donc de développer la filière riz) et aux consommateurs urbains de continuer à avoir accès au riz, qu'il soit local ou importé.
La CEDEAO pourrait commencer par fixer quelques prix d'entrée sur les produits les plus sensibles (par exemple le riz, le sucre, l'huile, le lait en poudre et les substituts au lait concentré sucré et au double concentré de tomate). Puis, peu à peu remplacer l'ensemble du TEC (le Tarif Extérieur Commun, c'est-à-dire l'ensemble des taxes à l'importation) par des prix d'entrée.
Le contexte mondial caractérisé par une grande variabilité des prix alimentaires offre une opportunité à la Commission de la CEDEAO pour négocier un tel changement à l'OMC (Organisation Mondiale du Commerce).Remplaçons maintenant cette taxe à un taux fixe de 35%, par un prix d'entrée fixé à 13 500 F. Aujourd'hui, il n'y a rien de changé. Mais si le prix du riz double sur le marché mondial, pour atteindre les 20 000 F le sac de 50 kg, il n'y aura pas une taxe à imposer. En effet le prix mondial est alors au-dessus du prix d'entrée, il peut entrer librement à l'intérieur du marché commun de la CEDEAO. Il coûtera donc 20 000 F au lieu de 27 000 F.
S'il arrivait que le prix du riz baisse sur le marché mondial (hypothèse peu probable actuellement), alors, et alors seulement, il serait taxé. Cette taxe serait égale à la différence entre le prix du riz arrivé au port d'Abidjan (ou de Cotonou, etc.) et le prix d'entrée. Cette taxe est appelée « prélèvement ». Et comme elle varie en fonction du prix sur le marché mondial, on précise « prélèvement variable ». Voyons deux exemples. Le sac de 50 kg de riz arrive à l'entrée de la CEDEAO à 11 000 F, le prélèvement sera de 13 500 F - 11 000 F = 2 500 F. S'il grimpe à 13 000 F, le prélèvement ne sera plus que de 500 F (13 500 F - 13 000 F = 500 F). Et les prix resteront stables sur le marché national. Les consommateurs urbains apprécieront cette stabilité et également les producteurs de riz qui sauront à quoi s'en tenir. Il s'agit donc de trouver un prix juste qui permette aux producteurs de riz burkinabè de vivre dignement de leur travail (et donc de développer la filière riz) et aux consommateurs urbains de continuer à avoir accès au riz, qu'il soit local ou importé.
La CEDEAO pourrait commencer par fixer quelques prix d'entrée sur les produits les plus sensibles (par exemple le riz, le sucre, l'huile, le lait en poudre et les substituts au lait concentré sucré et au double concentré de tomate). Puis, peu à peu remplacer l'ensemble du TEC (le Tarif Extérieur Commun, c'est-à-dire l'ensemble des taxes à l'importation) par des prix d'entrée.
Le contexte mondial caractérisé par une grande variabilité des prix alimentaires offre une opportunité à la Commission de la CEDEAO pour négocier un tel changement à l'OMC (Organisation Mondiale du Commerce).

Article publié par SEDELAN : sedelan@abcburkina.net

une nouvelle campagne internationale pour l'accès de tous à l'alimentation

Le 1er juin 2011, Oxfam a lancé une nouvelle campagne internationale pour s'assurer que chacun et chacune ait suffisamment à manger. C'est ainsi qu'Oxfam Burkina et ses partenaires se sont retrouvés à Ouagadougou pour demander l'accès de tous à l'alimentation.

À cette occasion, le directeur d’Oxfam Burkina, Omer Kaboré, a décrit le contexte de la situation alimentaire régionale et nationale : « Cette crise alimentaire que nous vivons, et la flambée des prix des denrées alimentaires, est le fait d’une absurde injustice mondiale ». Ainsi, chaque jour, près d’un milliard de personnes souffrent de la faim, alors que « notre monde produit suffisamment de nourriture pour tous et toutes ».

Pour lutter contre cette injustice, il faut faire un minimum d'analyse, sinon on risque de se tromper de remèdes. C'est bien de rappeler qu'un milliard de personnes souffrent de la faim. Mais il est bon d'ajouter que parmi eux, 700 000 sont des paysans. On ne peut pas se contenter de mesures à court terme comme celles du gouvernement burkinabè qui a décidé de subventionner le riz importé pendant 3 mois pour soulager les consommateurs urbains. Et les consommateurs ruraux, qui forment 80% de la population, faut-il les oublier parce qu'ils n'ont rien cassé ? !
Aujourd'hui, le monde entier s'inquiète de la volatilité des prix de l'alimentation sur le marché mondial. Je constate que le Burkina et les autres pays de l'Afrique de l'Ouest sont mal à l'aise avec les taxes fixes à l'importation. Et c'est fort compréhensible. Les gouvernements sont tiraillés entre deux orientations. La première : nourrir la ville aux moindres coûts, quitte à supprimer, par exemple, la taxe à l'importation sur le riz (comme en 2008), voire subventionner le riz importé (comme cette année 2011, depuis le 9 mai). D'un autre côté, ils voudraient bien soutenir leurs paysans, mais sans pénaliser les consommateurs urbains. C'est pourquoi les gouvernements de la CEDEAO (Communauté Économique des États de l'Afrique de l'Ouest) n'arrivent pas à s'entendre sur les produits alimentaires qu'ils pourraient taxer à l'importation à un taux de 35%.
C'est qu'en effet, une telle taxe fixe, loin de protéger du marché mondial, va amplifier ses variations. Prenons un exemple. Supposons qu'un sac de 50 kg de riz arrive aujourd'hui au port d'Abidjan à 10 000 F. Si vous lui appliquez une taxe de 35%, il va coûter 13 500 F. Vous avez ajouté une taxe de 3 500 F. Supposons maintenant que la crise alimentaire mondiale s'accentue et que le prix du riz double. Avec une taxe de 35%, le riz va maintenant coûter 27 000 F. Votre taxe a aggravé la situation en faisant exploser le prix du riz.Remplaçons maintenant cette taxe à un taux fixe de 35%, par un prix d'entrée fixé à 13 500 F. Aujourd'hui, il n'y a rien de changé. Mais si le prix du riz double sur le marché mondial, pour atteindre les 20 000 F le sac de 50 kg, il n'y aura pas une taxe à imposer. En effet le prix mondial est alors au-dessus du prix d'entrée, il peut entrer librement à l'intérieur du marché commun de la CEDEAO. Il coûtera donc 20 000 F au lieu de 27 000 F.
S'il arrivait que le prix du riz baisse sur le marché mondial (hypothèse peu probable actuellement), alors, et alors seulement, il serait taxé. Cette taxe serait égale à la différence entre le prix du riz arrivé au port d'Abidjan (ou de Cotonou, etc.) et le prix d'entrée. Cette taxe est appelée « prélèvement ». Et comme elle varie en fonction du prix sur le marché mondial, on précise « prélèvement variable ». Voyons deux exemples. Le sac de 50 kg de riz arrive à l'entrée de la CEDEAO à 11 000 F, le prélèvement sera de 13 500 F - 11 000 F = 2 500 F. S'il grimpe à 13 000 F, le prélèvement ne sera plus que de 500 F (13 500 F - 13 000 F = 500 F). Et les prix resteront stables sur le marché national. Les consommateurs urbains apprécieront cette stabilité et également les producteurs de riz qui sauront à quoi s'en tenir. Il s'agit donc de trouver un prix juste qui permette aux producteurs de riz burkinabè de vivre dignement de leur travail (et donc de développer la filière riz) et aux consommateurs urbains de continuer à avoir accès au riz, qu'il soit local ou importé.
La CEDEAO pourrait commencer par fixer quelques prix d'entrée sur les produits les plus sensibles (par exemple le riz, le sucre, l'huile, le lait en poudre et les substituts au lait concentré sucré et au double concentré de tomate). Puis, peu à peu remplacer l'ensemble du TEC (le Tarif Extérieur Commun, c'est-à-dire l'ensemble des taxes à l'importation) par des prix d'entrée.
Le contexte mondial caractérisé par une grande variabilité des prix alimentaires offre une opportunité à la Commission de la CEDEAO pour négocier un tel changement à l'OMC (Organisation Mondiale du Commerce).Remplaçons maintenant cette taxe à un taux fixe de 35%, par un prix d'entrée fixé à 13 500 F. Aujourd'hui, il n'y a rien de changé. Mais si le prix du riz double sur le marché mondial, pour atteindre les 20 000 F le sac de 50 kg, il n'y aura pas une taxe à imposer. En effet le prix mondial est alors au-dessus du prix d'entrée, il peut entrer librement à l'intérieur du marché commun de la CEDEAO. Il coûtera donc 20 000 F au lieu de 27 000 F.
S'il arrivait que le prix du riz baisse sur le marché mondial (hypothèse peu probable actuellement), alors, et alors seulement, il serait taxé. Cette taxe serait égale à la différence entre le prix du riz arrivé au port d'Abidjan (ou de Cotonou, etc.) et le prix d'entrée. Cette taxe est appelée « prélèvement ». Et comme elle varie en fonction du prix sur le marché mondial, on précise « prélèvement variable ». Voyons deux exemples. Le sac de 50 kg de riz arrive à l'entrée de la CEDEAO à 11 000 F, le prélèvement sera de 13 500 F - 11 000 F = 2 500 F. S'il grimpe à 13 000 F, le prélèvement ne sera plus que de 500 F (13 500 F - 13 000 F = 500 F). Et les prix resteront stables sur le marché national. Les consommateurs urbains apprécieront cette stabilité et également les producteurs de riz qui sauront à quoi s'en tenir. Il s'agit donc de trouver un prix juste qui permette aux producteurs de riz burkinabè de vivre dignement de leur travail (et donc de développer la filière riz) et aux consommateurs urbains de continuer à avoir accès au riz, qu'il soit local ou importé.
La CEDEAO pourrait commencer par fixer quelques prix d'entrée sur les produits les plus sensibles (par exemple le riz, le sucre, l'huile, le lait en poudre et les substituts au lait concentré sucré et au double concentré de tomate). Puis, peu à peu remplacer l'ensemble du TEC (le Tarif Extérieur Commun, c'est-à-dire l'ensemble des taxes à l'importation) par des prix d'entrée.
Le contexte mondial caractérisé par une grande variabilité des prix alimentaires offre une opportunité à la Commission de la CEDEAO pour négocier un tel changement à l'OMC (Organisation Mondiale du Commerce).

une nouvelle campagne internationale pour accès de tous à l'alimentation

Le 1er juin 2011, Oxfam a lancé une nouvelle campagne internationale pour s'assurer que chacun et chacune ait suffisamment à manger. C'est ainsi qu'Oxfam Burkina et ses partenaires se sont retrouvés à Ouagadougou pour demander l'accès de tous à l'alimentation.

À cette occasion, le directeur d’Oxfam Burkina, Omer Kaboré, a décrit le contexte de la situation alimentaire régionale et nationale : « Cette crise alimentaire que nous vivons, et la flambée des prix des denrées alimentaires, est le fait d’une absurde injustice mondiale ». Ainsi, chaque jour, près d’un milliard de personnes souffrent de la faim, alors que « notre monde produit suffisamment de nourriture pour tous et toutes ».

Pour lutter contre cette injustice, il faut faire un minimum d'analyse, sinon on risque de se tromper de remèdes. C'est bien de rappeler qu'un milliard de personnes souffrent de la faim. Mais il est bon d'ajouter que parmi eux, 700 000 sont des paysans. On ne peut pas se contenter de mesures à court terme comme celles du gouvernement burkinabè qui a décidé de subventionner le riz importé pendant 3 mois pour soulager les consommateurs urbains. Et les consommateurs ruraux, qui forment 80% de la population, faut-il les oublier parce qu'ils n'ont rien cassé ? !
Aujourd'hui, le monde entier s'inquiète de la volatilité des prix de l'alimentation sur le marché mondial. Je constate que le Burkina et les autres pays de l'Afrique de l'Ouest sont mal à l'aise avec les taxes fixes à l'importation. Et c'est fort compréhensible. Les gouvernements sont tiraillés entre deux orientations. La première : nourrir la ville aux moindres coûts, quitte à supprimer, par exemple, la taxe à l'importation sur le riz (comme en 2008), voire subventionner le riz importé (comme cette année 2011, depuis le 9 mai). D'un autre côté, ils voudraient bien soutenir leurs paysans, mais sans pénaliser les consommateurs urbains. C'est pourquoi les gouvernements de la CEDEAO (Communauté Économique des États de l'Afrique de l'Ouest) n'arrivent pas à s'entendre sur les produits alimentaires qu'ils pourraient taxer à l'importation à un taux de 35%.
C'est qu'en effet, une telle taxe fixe, loin de protéger du marché mondial, va amplifier ses variations. Prenons un exemple. Supposons qu'un sac de 50 kg de riz arrive aujourd'hui au port d'Abidjan à 10 000 F. Si vous lui appliquez une taxe de 35%, il va coûter 13 500 F. Vous avez ajouté une taxe de 3 500 F. Supposons maintenant que la crise alimentaire mondiale s'accentue et que le prix du riz double. Avec une taxe de 35%, le riz va maintenant coûter 27 000 F. Votre taxe a aggravé la situation en faisant exploser le prix du riz.Remplaçons maintenant cette taxe à un taux fixe de 35%, par un prix d'entrée fixé à 13 500 F. Aujourd'hui, il n'y a rien de changé. Mais si le prix du riz double sur le marché mondial, pour atteindre les 20 000 F le sac de 50 kg, il n'y aura pas une taxe à imposer. En effet le prix mondial est alors au-dessus du prix d'entrée, il peut entrer librement à l'intérieur du marché commun de la CEDEAO. Il coûtera donc 20 000 F au lieu de 27 000 F.
S'il arrivait que le prix du riz baisse sur le marché mondial (hypothèse peu probable actuellement), alors, et alors seulement, il serait taxé. Cette taxe serait égale à la différence entre le prix du riz arrivé au port d'Abidjan (ou de Cotonou, etc.) et le prix d'entrée. Cette taxe est appelée « prélèvement ». Et comme elle varie en fonction du prix sur le marché mondial, on précise « prélèvement variable ». Voyons deux exemples. Le sac de 50 kg de riz arrive à l'entrée de la CEDEAO à 11 000 F, le prélèvement sera de 13 500 F - 11 000 F = 2 500 F. S'il grimpe à 13 000 F, le prélèvement ne sera plus que de 500 F (13 500 F - 13 000 F = 500 F). Et les prix resteront stables sur le marché national. Les consommateurs urbains apprécieront cette stabilité et également les producteurs de riz qui sauront à quoi s'en tenir. Il s'agit donc de trouver un prix juste qui permette aux producteurs de riz burkinabè de vivre dignement de leur travail (et donc de développer la filière riz) et aux consommateurs urbains de continuer à avoir accès au riz, qu'il soit local ou importé.
La CEDEAO pourrait commencer par fixer quelques prix d'entrée sur les produits les plus sensibles (par exemple le riz, le sucre, l'huile, le lait en poudre et les substituts au lait concentré sucré et au double concentré de tomate). Puis, peu à peu remplacer l'ensemble du TEC (le Tarif Extérieur Commun, c'est-à-dire l'ensemble des taxes à l'importation) par des prix d'entrée.
Le contexte mondial caractérisé par une grande variabilité des prix alimentaires offre une opportunité à la Commission de la CEDEAO pour négocier un tel changement à l'OMC (Organisation Mondiale du Commerce).Remplaçons maintenant cette taxe à un taux fixe de 35%, par un prix d'entrée fixé à 13 500 F. Aujourd'hui, il n'y a rien de changé. Mais si le prix du riz double sur le marché mondial, pour atteindre les 20 000 F le sac de 50 kg, il n'y aura pas une taxe à imposer. En effet le prix mondial est alors au-dessus du prix d'entrée, il peut entrer librement à l'intérieur du marché commun de la CEDEAO. Il coûtera donc 20 000 F au lieu de 27 000 F.
S'il arrivait que le prix du riz baisse sur le marché mondial (hypothèse peu probable actuellement), alors, et alors seulement, il serait taxé. Cette taxe serait égale à la différence entre le prix du riz arrivé au port d'Abidjan (ou de Cotonou, etc.) et le prix d'entrée. Cette taxe est appelée « prélèvement ». Et comme elle varie en fonction du prix sur le marché mondial, on précise « prélèvement variable ». Voyons deux exemples. Le sac de 50 kg de riz arrive à l'entrée de la CEDEAO à 11 000 F, le prélèvement sera de 13 500 F - 11 000 F = 2 500 F. S'il grimpe à 13 000 F, le prélèvement ne sera plus que de 500 F (13 500 F - 13 000 F = 500 F). Et les prix resteront stables sur le marché national. Les consommateurs urbains apprécieront cette stabilité et également les producteurs de riz qui sauront à quoi s'en tenir. Il s'agit donc de trouver un prix juste qui permette aux producteurs de riz burkinabè de vivre dignement de leur travail (et donc de développer la filière riz) et aux consommateurs urbains de continuer à avoir accès au riz, qu'il soit local ou importé.
La CEDEAO pourrait commencer par fixer quelques prix d'entrée sur les produits les plus sensibles (par exemple le riz, le sucre, l'huile, le lait en poudre et les substituts au lait concentré sucré et au double concentré de tomate). Puis, peu à peu remplacer l'ensemble du TEC (le Tarif Extérieur Commun, c'est-à-dire l'ensemble des taxes à l'importation) par des prix d'entrée.
Le contexte mondial caractérisé par une grande variabilité des prix alimentaires offre une opportunité à la Commission de la CEDEAO pour négocier un tel changement à l'OMC (Organisation Mondiale du Commerce).
Le 1er juin 2011, Oxfam a lancé une nouvelle campagne internationale pour s'assurer que chacun et chacune ait suffisamment à manger. C'est ainsi qu'Oxfam Burkina et ses partenaires se sont retrouvés à Ouagadougou pour demander l'accès de tous à l'alimentation.

À cette occasion, le directeur d’Oxfam Burkina, Omer Kaboré, a décrit le contexte de la situation alimentaire régionale et nationale : « Cette crise alimentaire que nous vivons, et la flambée des prix des denrées alimentaires, est le fait d’une absurde injustice mondiale ». Ainsi, chaque jour, près d’un milliard de personnes souffrent de la faim, alors que « notre monde produit suffisamment de nourriture pour tous et toutes ».

Pour lutter contre cette injustice, il faut faire un minimum d'analyse, sinon on risque de se tromper de remèdes. C'est bien de rappeler qu'un milliard de personnes souffrent de la faim. Mais il est bon d'ajouter que parmi eux, 700 000 sont des paysans. On ne peut pas se contenter de mesures à court terme comme celles du gouvernement burkinabè qui a décidé de subventionner le riz importé pendant 3 mois pour soulager les consommateurs urbains. Et les consommateurs ruraux, qui forment 80% de la population, faut-il les oublier parce qu'ils n'ont rien cassé ? !
Aujourd'hui, le monde entier s'inquiète de la volatilité des prix de l'alimentation sur le marché mondial. Je constate que le Burkina et les autres pays de l'Afrique de l'Ouest sont mal à l'aise avec les taxes fixes à l'importation. Et c'est fort compréhensible. Les gouvernements sont tiraillés entre deux orientations. La première : nourrir la ville aux moindres coûts, quitte à supprimer, par exemple, la taxe à l'importation sur le riz (comme en 2008), voire subventionner le riz importé (comme cette année 2011, depuis le 9 mai). D'un autre côté, ils voudraient bien soutenir leurs paysans, mais sans pénaliser les consommateurs urbains. C'est pourquoi les gouvernements de la CEDEAO (Communauté Économique des États de l'Afrique de l'Ouest) n'arrivent pas à s'entendre sur les produits alimentaires qu'ils pourraient taxer à l'importation à un taux de 35%.
C'est qu'en effet, une telle taxe fixe, loin de protéger du marché mondial, va amplifier ses variations. Prenons un exemple. Supposons qu'un sac de 50 kg de riz arrive aujourd'hui au port d'Abidjan à 10 000 F. Si vous lui appliquez une taxe de 35%, il va coûter 13 500 F. Vous avez ajouté une taxe de 3 500 F. Supposons maintenant que la crise alimentaire mondiale s'accentue et que le prix du riz double. Avec une taxe de 35%, le riz va maintenant coûter 27 000 F. Votre taxe a aggravé la situation en faisant exploser le prix du riz.Remplaçons maintenant cette taxe à un taux fixe de 35%, par un prix d'entrée fixé à 13 500 F. Aujourd'hui, il n'y a rien de changé. Mais si le prix du riz double sur le marché mondial, pour atteindre les 20 000 F le sac de 50 kg, il n'y aura pas une taxe à imposer. En effet le prix mondial est alors au-dessus du prix d'entrée, il peut entrer librement à l'intérieur du marché commun de la CEDEAO. Il coûtera donc 20 000 F au lieu de 27 000 F.
S'il arrivait que le prix du riz baisse sur le marché mondial (hypothèse peu probable actuellement), alors, et alors seulement, il serait taxé. Cette taxe serait égale à la différence entre le prix du riz arrivé au port d'Abidjan (ou de Cotonou, etc.) et le prix d'entrée. Cette taxe est appelée « prélèvement ». Et comme elle varie en fonction du prix sur le marché mondial, on précise « prélèvement variable ». Voyons deux exemples. Le sac de 50 kg de riz arrive à l'entrée de la CEDEAO à 11 000 F, le prélèvement sera de 13 500 F - 11 000 F = 2 500 F. S'il grimpe à 13 000 F, le prélèvement ne sera plus que de 500 F (13 500 F - 13 000 F = 500 F). Et les prix resteront stables sur le marché national. Les consommateurs urbains apprécieront cette stabilité et également les producteurs de riz qui sauront à quoi s'en tenir. Il s'agit donc de trouver un prix juste qui permette aux producteurs de riz burkinabè de vivre dignement de leur travail (et donc de développer la filière riz) et aux consommateurs urbains de continuer à avoir accès au riz, qu'il soit local ou importé.
La CEDEAO pourrait commencer par fixer quelques prix d'entrée sur les produits les plus sensibles (par exemple le riz, le sucre, l'huile, le lait en poudre et les substituts au lait concentré sucré et au double concentré de tomate). Puis, peu à peu remplacer l'ensemble du TEC (le Tarif Extérieur Commun, c'est-à-dire l'ensemble des taxes à l'importation) par des prix d'entrée.
Le contexte mondial caractérisé par une grande variabilité des prix alimentaires offre une opportunité à la Commission de la CEDEAO pour négocier un tel changement à l'OMC (Organisation Mondiale du Commerce).Remplaçons maintenant cette taxe à un taux fixe de 35%, par un prix d'entrée fixé à 13 500 F. Aujourd'hui, il n'y a rien de changé. Mais si le prix du riz double sur le marché mondial, pour atteindre les 20 000 F le sac de 50 kg, il n'y aura pas une taxe à imposer. En effet le prix mondial est alors au-dessus du prix d'entrée, il peut entrer librement à l'intérieur du marché commun de la CEDEAO. Il coûtera donc 20 000 F au lieu de 27 000 F.
S'il arrivait que le prix du riz baisse sur le marché mondial (hypothèse peu probable actuellement), alors, et alors seulement, il serait taxé. Cette taxe serait égale à la différence entre le prix du riz arrivé au port d'Abidjan (ou de Cotonou, etc.) et le prix d'entrée. Cette taxe est appelée « prélèvement ». Et comme elle varie en fonction du prix sur le marché mondial, on précise « prélèvement variable ». Voyons deux exemples. Le sac de 50 kg de riz arrive à l'entrée de la CEDEAO à 11 000 F, le prélèvement sera de 13 500 F - 11 000 F = 2 500 F. S'il grimpe à 13 000 F, le prélèvement ne sera plus que de 500 F (13 500 F - 13 000 F = 500 F). Et les prix resteront stables sur le marché national. Les consommateurs urbains apprécieront cette stabilité et également les producteurs de riz qui sauront à quoi s'en tenir. Il s'agit donc de trouver un prix juste qui permette aux producteurs de riz burkinabè de vivre dignement de leur travail (et donc de développer la filière riz) et aux consommateurs urbains de continuer à avoir accès au riz, qu'il soit local ou importé.
La CEDEAO pourrait commencer par fixer quelques prix d'entrée sur les produits les plus sensibles (par exemple le riz, le sucre, l'huile, le lait en poudre et les substituts au lait concentré sucré et au double concentré de tomate). Puis, peu à peu remplacer l'ensemble du TEC (le Tarif Extérieur Commun, c'est-à-dire l'ensemble des taxes à l'importation) par des prix d'entrée.
Le contexte mondial caractérisé par une grande variabilité des prix alimentaires offre une opportunité à la Commission de la CEDEAO pour négocier un tel changement à l'OMC (Organisation Mondiale du Commerce).

dimanche 22 mai 2011

« Ou bien c’est 300 F le kilo, ou on ne fait pas de coton »




















« Ou bien c’est 300 F le kilo, ou on ne fait pas de coton »
C'est ce que demandent ces producteurs, d'après l'article de Séri Aymard BOGNINI dans L’Express du Faso du 25 avril 2011. L'auteur poursuit :
« La nouvelle de l’augmentation du prix du kilogramme de coton et en même temps que celle du prix des intrants n’a pas été bien accueillie à l’Union provinciale des producteurs du Houet. Immédiatement après son annonce, l’Union a tenu une assemblée générale extraordinaire le 19 avril pour faire connaître sa position. Le prix du kilogramme de coton à 245 F CFA est « très bas » : les participants, demandent de le porter à 300 F CFA, tout en maintenant le prix des intrants comme proposé. « En 2004-2005, le prix du kilo (de coton fibre) sur le marché mondial était autour de 820 F et le prix (du kilo de coton graine) au producteur était de 210 F. En 2007-2008, alors qu’il était de 620 F, on nous a payé le coton à 155 F. Aujourd’hui, sur le marché mondial, le prix est autour de 2000 F et on veut nous payer le kilo à 245 F ; ce n’est pas possible », a expliqué le président de l’Union provinciale. « Au moment où on parle d’embellie sur le marché mondial, nous fixer un tel prix n’est pas acceptable », a-t-il ajouté.












Les producteurs ont décidé de manifester leur désaccord et de plusieurs manières. « Actuellement, nous sommes en train de faire signer une pétition par tous les producteurs de coton. Si nous ne sommes pas compris, nous allons boycotter la production par la réduction des superficies ou le refus de produire du coton », explique le président Ouattara. « L’idée de manifester a germé, mais nous avons estimé que le pays a connu assez de manifestations bruyantes. Aussi, nous avons décidé de manifester dans nos champs en laissant le choix à chaque producteur de choisir ce qui l’arrange », a ajouté le président. Avant de conclure en ces termes : « Nous avons assez accompagné les sociétés cotonnières, nous aussi nous voulons bénéficier de l’embellie ».















Pour ma part, je trouve la réaction des producteurs de coton de la Province du Houet tout à fait justifiée. J'irai même plus loin. À ma connaissance, les cours du coton sur le marché mondial n'ont jamais été si élevés. Si, dans ces conditions, les sociétés cotonnières ne sont pas capables d'offrir aux producteurs de coton du Burkina un prix rémunérateur, il est temps, pour ces derniers, de se préparer à abandonner la culture du coton.
Or, dans le même article, il est écrit : « Selon un technicien, en tenant compte des rendements et du type de coton (conventionnel ou génétiquement modifié), le producteur qui fait une production de 1200 kg (de coton conventionnel) par hectare et qui suit le paquet technologique requis peut faire un net à gagner de 53 313 F CFA. Si le même producteur, au lieu du coton conventionnel, produit du coton génétiquement modifié, avec un minimum du paquet technologique avec un rendement de 1 560 Kg, il fait un net à gagner de 78 165 F CFA. Plus le rendement augmente, plus le bénéfice augmente. C’est dire que pour faire de bonnes affaires dans le coton, les producteurs devront mettre l’accent sur l’application du paquet technologique, l’utilisation de la fumure organique et le bon rendement. Dans tous les cas, semble-t-il, le prix du coton est toujours fixé au Burkina en faveur du producteur. » Ce technicien ne se rend même pas compte de ce qu'il dit. Comment peut-il affirmer qu'un prix (pour le coton graine) qui donne un revenu pour le producteur de 50 000 F à 80 000 F pour un hectare est « un prix fixé en faveur du producteur. » Je doute fort qu’il n’ait jamais cultivé lui-même un seul hectare de coton dans sa vie.














En écrivant cela, je pense à un ami, cultivateur. Il habite un village de la province du Houet où tous les paysans font du coton. Sauf lui. Il a abandonné cette culture depuis de nombreuses années. Il la trouve trop peu rentable à l'hectare, mais surtout en considération du travail qu'elle demande. La récolte, par exemple, peut s'étaler jusqu'en février. Mais voici qu'en grandissant, son fils aîné, voyant tous ses camarades faire du coton, a voulu faire comme eux. Son père a d'abord refusé. Mais comme son fils insistait, son père lui a dit : « D'accord, nous allons faire du coton cette année. Mais nous noterons tous les travaux qu'il nous faudra faire pour cela, toutes les heures et toutes les fatigues, et, bien sûr, toutes les dépenses. Quand, enfin, nous aurons été payés, nous allons nous asseoir et nous ferons le bilan. Et alors, nous déciderons de continuer ou d’arrêter. » C'est ce qu'ils ont fait. À la fin du bilan, son fils lui a dit : « Papa, tu avais raison. L'an prochain, nous ne ferons plus de coton. »

C'est ce même paysan qui me dit que depuis plusieurs années il cultive le soja. Que s'il ne met pas d'engrais, il récolte tout de même 10 sacs de 100 kilos à l'hectare. Des sacs qu'il revendra 15 000 F le sac à la récolte s'il a un besoin pressant d'argent ; ou 30 000 F le sac s'il peut attendre quelques mois avant de vendre sa récolte. Comme il lui faut 30 kg de semences par hectare, cela lui donne un revenu net à l'hectare de soja de l'ordre de 145 000 F à 295 000 F. À comparer au « net à gagner de 53 313 F CFA à 78 165 F CFA » pour le coton. Et cela pour un travail bien moins pénible, et pour une culture (le soja est une oléagineuse) qui enrichit la terre en azote.
Si j'ai un conseil à donner à tous les producteurs de coton qui ont décidé de réduire leur superficie de coton, voire d'abandonner cette culture, c'est de se tourner vers le soja. Au Burkina, il y a un marché croissant pour le soja. Les éleveurs sont en train de se rendre compte que le soja est meilleur que le tourteau de coton comme complément alimentaire pour leurs animaux. De plus, le soja devrait trouver une place privilégiée dans une rotation raisonnée des cultures.
Paris le 8 mai 2011
Maurice Oudet
Président du SEDELAN

dimanche 3 avril 2011

Qui a dit que les entreprises familiales agricoles du Burkina ne sont pas capables de nourrir le pays.

La production de riz atteint un record pour cette cette campagne : 270 658 tonnes. Il s'agit là, du riz irrigué (avec deux récoltes par an) et du riz pluvial (donc une récolte, en novembre-décembre). L'évolution de la production de riz irrigué est fortement tributaire de la politique nationale. Je n'ai malheureusement pas les statistique du seul riz irrigué. Mais on peut noter qu'en 1996, la production totale de riz (donc irrigué et pluvial) était déjà de 111 807 tonnes. Mais cette année a vu la privatisation de la SONACOR (Société Nationale de Commercialisation du Riz) qui achetait le riz aux producteurs à un prix rémunérateur dès la fin de la récolte. Ce qui permettait aux producteurs des plaines irrigués de préparer sans tarder la deuxième culture. Avec la suppression de la SONACOR et l'importation massive de vieux riz asiatiques (parfois de dix ans d'âge) à prix cassé, les producteurs des plaines irrigués ont vu leurs revenus s'effondrer. Beaucoup ont abandonné (jusqu'à aujourd'hui) la production de riz pour se tourner vers le maraichage. La production nationale de riz s'est effondré également. Parfois fortement, comme en l'an 2000 (66 395 tonnes) et 2007 (68 916).

Il a fallu la crise alimentaire de 2007-2008 pour que le gouvernement et les commerçants s'intéressent enfin à la production locale. En 2004, les commerçants proposaient 85 FCFA pour un kilo de riz paddy ! Aujourd'hui ils en proposent au moins 150FCFA ! Parfois 170 FCFA ! Le double. Aussi, depuis 2008, la production de riz s'accroît de 12% par an. Deux fois plus vite que la population urbaine. Si le marché mondial ne s'effondre pas et si le gouvernement continue d'appuyer la production du riz (irrigué et pluvial), on peut penser que cette croissance au taux de 12% se poursuivra.

Si la CEDEAO (Communauté Economique Des Etats de l'Afrique de l'Ouest) se décide enfin à taxer le riz à 35% à l'importation, cette croissance pourrait être encore plus forte, et en quelques années le Burkina et l'ensemble de l'Afrique de l'Ouest pourrait être auto-suffisant en riz.
Notons également que la production du niébé (haricot du Sahel) est de 626 113 tonnes soit une hausse de 38% par rapport à l’année dernière, et en hausse de 92% par rapport à la moyenne quinquennale.

Source : sedelan@abcburkina.net

mardi 29 mars 2011

Comme un ras le bol social

Burkina Faso : comme un ras le bol social qui résonne dans toute l’Afrique : Blaise Compaoré, dégage !14 mars par Zinaba Aboudou Rasmane, Pauline Imbach

http://www.cadtm.org/Burkina-Faso-comme-un-ras-le-bol

Un fait divers à l’allure d’une mauvaise série B met le feu aux poudres...
Pour comprendre ce qui s’est passé à Koudougou, un bref retour en arrière sur la situation s’impose.

Tout a commencé par une bagarre entre deux jeunes élèves, une fille et un garçon, d’un lycée de Koudougou (3ème ville du pays à 150 km de Ouagadougou la capitale). Après une paire de gifles qu’elle a reçue du jeune homme, la fille, petite amie d’un policier, s’en est allée porter plainte. Jusqu’ici tout va bien. Mais voilà que le jeune homme, Justin Zongo, ne répond pas à la plainte, ce qui énerve notre policier, ami de la victime. Celui-ci décide alors de venir chercher le jeune homme en pleine classe pour l’amener de force au commissariat, outrepassant le fait que les forces « du désordre » ont l’interdiction d’agir dans les établissement scolaires sans autorisation préalable. Une fois au commissariat, le jeune étudiant est passé à tabac dans les règles de l’art avant d’être relâché. Le jeune homme cherche alors du soutien en avertissant le procureur de Koudougou de la situation, qui convoque et sermonne le policier. Ce dernier retourne alors chercher Justin Zongo qui, trainé au commissariat est de nouveau passé à tabac. L’étudiant ne se remettra pas des coups reçus et il décèdera des suites de ses blessures, après avoir été hospitalisé.
Ses camarades de classe, qui avaient suivi de près cette affaire, organisent une marche jusqu’au gouvernorat de Koudougou. Là, le gouverneur déclare que le décès est dû à une méningite et un acte de décès est rédigé précipitamment pour confirmer cette thèse officielle. Cela n’est pas sans rappeler l’acte de décès de Thomas Sankara, sur lequel était mentionné “mort de mort naturelle”...

Injustices et répressions...

Le 24 févier, face à cette injustice criante, les étudiants se sont révoltés mettant le feu au gouvernorat, au commissariat et à une douzaine de véhicules. Les CRS de Koudougou (qui disposent d’un camp depuis peu dans cette ville « pour redresser la population » connue, depuis l’affaire Norbert Zongo, comme « rebelle » du Burkina Faso) viennent prêter main forte aux policiers. Ils ouvrent le feu et tuent le fils d’un commerçant. Immédiatement c’est toute une ville qui se lève et s’oppose aux forces du désordre. Puis rapidement le mouvement gagne les villes voisines de Poa, Kindi, Léo, Réo et tous les environs avant d’atteindre une semaine plus tard (le 7 mars) les villes de Bobo Dioulasso et Ouahigouya au nord du pays. Élèves et étudiants brûlent les commissariats en signe de protestation contre cette bavure policière. Bilan officiel : 6 morts, de nombreux commissariats brûlés et des policiers chassés de certaines villes.

...augmentation des tensions !

Pour apaiser les tensions, surtout en plein FESPACO (Festival Panafricain du Cinéma de Ouagadougou), les autorités ne lésinent pas sur les moyens. Outre la répression, elles décident de fermer les lycées, les collèges et les universités, craignant que le mouvement prenne une allure révolutionnaire à l’odeur de jasmin.
Elles mettent également en place un comité de sages à Koudougou et utilisent les chefs traditionnels, aujourd’hui véritables sbires du régime, pour rencontrer les associations d’élèves et les calmer.

Seulement voilà, les jeunes semblent déterminés. Alors que la reprise des cours devait se faire le 7 mars, à Koudougou un grand sit-in a été organisé à l’occasion duquel une grève de 72 heures à été votée pour que justice soit rendue aux camarades assassinés pendant les révoltes. À Ouagadougou, à l’appel des partis d’opposition, une marche, suivie d’un meeting sur la place de la révolution, a également été organisée. La journée du 7 mars a donc été plus que mouvementée partout dans le pays. Une dizaine de localités ont connu des manifestations et des commissariats ont été incendiés, des édifices publics vandalisés, des barricades érigées, des grèves et marches organisées.

De plus, le 11 mars, à l’appel de l’Association Nationale des Etudiants du Burkina (ANEB), une marche contre l’impunité et pour le jugement de tous les acteurs de ce crime crapuleux a été organisée. Partis de l’Université de Ouagadougou, 7000 étudiants se sont mis en route vers le siège de la Direction Générale de la Police Nationale. Rapidement bloqués par la police sur l’avenue Charles de Gaule qui mène au centre ville, les étudiants se sont organisés en front et se sont dirigés vers les commissariats de quartiers pour les incendier. Durant la marche, de nombreux étudiants ont été blessés par des jets de pierres et de lacrymogènes. Une vingtaine de personnes auraient été arrêtées. Durant cette marche de nombreux slogans visaient directement Blaise Compaoré et sa clique. Le mouvement semble donc s’élargir autour de revendications dépassant le meurtre du jeune Justin Zongo.












Depuis le début du mouvement, et en plein FESPACO, les enfants de Facebook, ont bien tenté d’élargir les revendications avec notamment la création d’un profil « Blaise Compaoré dégage |1| » ou en appelant à deux reprises à des mobilisations autour du rond-point des cinéastes, lieu symbolique en plein festival cinématographique. Mais peu de gens ont répondu présents. Le FESPACO semblait pourtant être un moment idéal pour faire entendre la grogne sociale...

Aujourd’hui, la jeunesse burkinabée est toujours dans la rue, mais il semble difficile de dire ce qui se passera dans les jours à venir si le reste de la population ne se mobilise pas à ses côtés. Alors que la grève de 72 heures de Koudougou touche à sa fin, une grève de 72 heures vient d’être décidée à Ouagadougou.
« Les forces critiques » composées d’associations et de partis politiques d’opposition, qui avaient joué un rôle important dans le mouvement de contestation qui avait suivi l’assassinat du journaliste Norbert Zongo, ne constituent plus un moteur de résistance depuis ces dernières années. Aujourd’hui, alors qu’elles ont toujours une forte capacité de mobilisation, elles se sont contentées de condamner les faits, ne cherchant pas à construire un rapport de force en faveur des populations en élargissant les revendications.

Blaise Compaoré dégage !

24 ans de dictature et d’impunité ! Ça suffit, Blaise Compaoré dégage ! Arrivé au pouvoir par un coup d’État et l’assassinat de Thomas Sankara, Blaise Compaoré s’y maintient et compte bien y rester. Trucage des élections, changement de la constitution, rien ne semble l’arrêter. « Réélu en novembre au terme d’un scrutin contesté, avec seulement 1,5 millions de voix (soit 80% des suffrages exprimés !) dans un pays qui compte 16 millions d’habitants, il entend désormais modifier la constitution pour pouvoir conserver son fauteuil indéfiniment » |2|.
Son fauteuil, il le doit à ses amis de la françafrique qui, depuis quelques années, lui confèrent le statut de vieux sage et de faiseur de paix dans la sous-région, et à ses amis de Washington qui ont félicité le Burkina en le qualifiant de « bon élève du FMI ».
Le bon élève, pour le FMI, c’est celui qui paye ses dettes et qui applique les réformes économiques préconisées par l’institution, sans ce soucier de leurs impacts sur la population. Blaise Compaoré est, il est vrai, de ce point de vue, un élève modèle. En 2009, la dette publique extérieure du Burkina Faso atteint légèrement plus de 2 milliards de dollars |3| contre 832 millions de dollars en 1990. En 2009, le service de la dette s’est élevé à 52,3 millions de dollars.

En vingt ans de service, la politique de Blaise Compaoré a multiplié par deux et demi la dette extérieure publique du pays. Dans le même temps, un véritable programme de démantèlement des services publics a débuté, avec la signature en 1991 du premier plan d’ajustement structurel.

Comme ses confrères d’Afrique du nord, Compaoré a aujourd’hui de quoi s’inquiéter, la jeunesse burkinabée semble déterminée à mettre fin à ce trop long règne. « Le monde est un village planétaire et les échos des luttes contre les régimes dictatoriaux de l’Afrique du nord résonnent dans les consciences des jeunes du Burkina. La contagion des révolutions tunisienne et égyptienne menace le Burkina par la similitude des longs règnes et les pratiques des pouvoirs » |4|.

Notes
|1| http://fr-fr.facebook.com/people/Bl...

|2| http://survie.org/francafrique/burk...

|3| Le Burkina Faso en chiffre, édition 2010, INSD www.insd.bf

|4| http://www.independant.bf/article.p...

lundi 21 mars 2011

Journal burkinabé "Le pays", la chronique du fou du 11 Mars 2011,

















Pauvres plats burkinabè ! Non contents de vous dédaigner au profit des plats venus d’ailleurs, mes compatriotes vous donnent des qualificatifs vraiment indignes. Le célèbre "tô" est si méprisé qu’on arrive même à penser qu’il met "l’Afrique en danger", pendant qu’on estime que les délicieux, nutritifs "kansa", "souma", "benga" et "gonré" (1) ne sont ni plus ni moins que du "béton armé" !

Arrêtons ça ! Il est temps que nous témoignions du respect et de la considération pour nos mets locaux. Ton enfant reste ton enfant, même s’il est aussi bouché qu’un cochon ivre. Et d’ailleurs, nos mets ne sont pas si mal au point d’être si méprisés ! Le "kanzaga" est très délicieux et le "chitoumou" (2) bobolais est très nourrissant.


Ce n’est pas le ministère de la Santé qui dira le contraire, lui qui fait des publications sur les avantages nutritifs de nos mets locaux. Les Ivoiriens apprécient bien le "benga" quand ils nous rendent visite. Parlant d’Ivoiriens, en verrez-vous un seul qui pousserait un juron de dégoût si on lui chuchotait à l’oreille "garba" ou sauce graine ? Ou avez-vous déjà vu un Marocain dire safouroulayi à une assiette de couscous ? Je suis sûr que non ! Remarquez : je n’ai pas besoin d’aller à Rabat ou à Abidjan pour connaître l’existence de ces plats : ils sont au Burkina, sous notre nez ! Mais vous, vos plats-là, est-ce qu’on les connaît au Maroc, au Sénégal ou en Somalie ? Vous voyez sans doute au Burkina des restaurants où c’est écrit "ici, spécialités sénégalaises". Mais est-ce qu’ailleurs, pour ceux qui ont déjà voyagé, rencontrez-vous régulièrement un restaurant spécialisé qui propose du "babenda", du "sagabo" ou tout autre plat burkinabè ? Même s’il y en a, ils ne sont pas nombreux.
















Tout ceci est simplement dû au fait que nous sommes bourrés de complexes quand il s’agit de nos propres plats. Je suis certain qu’ils sont nombreux les Burkinabè qui ont honte de dire qu’ils mangent du "benga" ou du "souma" à midi. Assurément, je verrai difficilement un Burkinabè, recevant la visite de son ami canadien, l’amener dans le restaurant "par terre" de Tantie Bonne Soupe au bord du boulevard Charles de Gaulle pour lui faire goûter ses mets. Ou bien, je ne suis pas certain qu’une personnalité de notre pays accepterait d’avoir du "gonré" sur sa table autour de laquelle sont assis des "môgô puissants".

Si vous n’aimez pas votre nourriture, comment voulez-vous alors la vendre à d’autres peuples ? C’est justement parce que nous avons honte de nos plats que nous ne créons pas de cadres qui pourront les valoriser. C’est vrai qu’il y a des concours, des festivals où nos mets sont mis en valeur. Mais c’est trop circonstanciel et c’est dans des cercles trop restreints. Y a-t-il de grands chefs cuisiniers de restaurants ou d’hôtels burkinabè qui proposent des mets du terroir dans leur menu à leurs clients ? Je ne pense pas que beaucoup de gens y ont songé.

Pourtant, il faut que les maîtres de la cuisine commencent à bichonner, à soigner, à enrichir nos plats afin de les imposer. Il faut continuer le travail déjà abattu dans le domaine des boissons. Aujourd’hui, on sert du "bissap", du "yamacoudji" dans les grands hôtels et les grandes réceptions. Il faut que les intellectuels arrêtent de cracher (pardon) sur nos plats. Il faut qu’ils les valorisent. Pour commencer, aimons ce que nous mangeons. Soyons-en fiers. Ensuite, améliorons le design, la manière de présenter de notre "mangement" et quand un étranger vient ici, faisons-lui goûter à notre "babenda", notre "kansa". Vous n’avez toujours pas compris ? J’ai dit, décomplexons et consommons burkinabè, nom d’un "chitoumou" !
Le Fou

(1) "kansa", "souma", "benga" et "gonré" : respectivement, crêpe faite avec des haricots, poids de terre cuits, haricots bouillis, et gâteau de haricot.
(2) Kanzaga, chitoumou : respectivement, plat à base de feuilles d'oseilles, nom d'une chenille comestible.

Articles extraits du quotidien burkinabè Le pays du vendredi 11 mars 2011 où vous trouverez de nombreux commentaires, souvent pertinents !

En cadeau, la recette du BISSAP :
Le Bissap (origine Wolof)ou carcadé est une boisson à base de fleurs d’hibiscus.
Préparation du bissap
Amener l'eau à ébullition. Ajouter 1 à 2 cuillères à café de fleurs d'hibiscus par tasse. Retirer du feu. Sucrer selon votre goût et laisser infuser 10 minutes environ jusqu'à ce que l'infusion devienne pourpre.
Filtrer avant de servir (ou utiliser une boule à thé).
L'infusion d'hibiscus se déguste chaude ou froide (très rafraichissante).