vendredi 29 janvier 2010

Une journée à Bobo-Dioulasso


Un aspect de la gare routière


A travers la vitre du bus, tôt le matin, le 14 décembre 2009...



















Voici une COOPERATIVE, le G.A.F.R.E.H., que nous avons découverte à Bobo-Dioulasso, qui fabrique des objets à base de sachets plastiques recyclés fabriqués par des femmes. L'activité du Gafreh permet à ces femmes d'acquérir une autonomie financière grâce à leur travail et contribue à préserver l'environnement.

















Les sacs plastiques abandonnés après usage sont collectés à Bobo-Dioulasso et dans ses environs où dans chaque quartier, il y a des collectifs de femmes de ramassage d'ordures, Saniya ("propreté" en dioula). Après nettoyage de cette matière première, les femmes de l'association coupent de fines lanières de plastique, ces bandes sont ensuite assemblées, filées et montées sur le métier à tisser.






Les objets sont divers : des sacs, des porte-clés, des poupées, des ceintures et même des petits meubles











Le centre de recyclage du Gafreh est un lieu de travail mais aussi de rencontre et de convivialité. Mme Christiana Lamizana est présidente du Groupe d’Action des Femmes pour la Relance Economique du Houet (GAFREH) depuis sa création, en 1995. A l’origine, les femmes qui ont fondé cette organisation souhaitaient montrer à leurs sœurs que leurs cotisations et leurs collectes pouvaient servir non seulement à financer les cérémonies comme les mariages ou les baptêmes, mais aussi à initier des projets de développement et à améliorer leurs conditions de vie.
Le collectif d'associations a également mis en place depuis quelques années un programme de microcrédit, financé par son principal partenaire, le PAMER, Projet d'Appui aux Micro-Entreprises Rurales, qui a en outre financé une grande partie des machines du centre de recyclage.

L'association souhaite acquérir trois nouvelles machines pour la couture, ainsi qu'une machine pour fondre le plastique, mais manque pour le moment de financements. Un projet d'étendre les activités de l'association au compostage d'ordures ménagères, afin de créer une source de revenus supplémentaire est envisagé. Enfin, le GAFREH souhaite renforcer ses actions de publicité afin de trouver plus de clients, en dehors de la saison touristique (octobre à février).

L'adresse de leur site internet vous permet de les contacter directement pour passer commande ou les aider...http://www.gafreh.org

Sachez aussi que Le GAFREH a été mis à l'honneur lors des défilés de mode de Ethical Fashion Show en 2006. Par ailleurs, l'association agit en France en partenariat avec l'association Débrouille, qui se charge de commercialiser les produits recyclés. L’objet de l’association est de multiplier les échanges et les transferts de savoir-faire permettant de réemployer utilement des déchets. Avec la réduction à la source, la récupération (collecte et tri), la réutilisation, le réemploi et le recyclage des déchets se présentent comme des initiatives positives pour une meilleure gestion des déchets.
SITE : bebrouille.ovh.org

samedi 23 janvier 2010

Scènes de la vie quotidienne à Sindou


PETITS COMMERCES (service ou alimentation...)























HABITAT et EQUIPEMENT (Privés : cour, rue, ustensils, petits équipements,moyens de transport et Publics : fontaine publique, écoles, lycée...)




























Cultures vivrières commerciales et mondialisation...













A Sindou, j'ai assisté à une scène de battage du riz, on transpire avec eux ! toute la famille est mobilisée pour cet événement, hommes, femmes, enfants, chacun a son rôle, plus les musiciens qui donnent le rythme aux batteurs ! Le riz est cultivé principalement pour nourrir la famille, le paysan qui nous a reçu pour ce battage du riz a 4 femmes et 26 enfants !







Cet agriculteur de Sindou est loin des orientations gouvernementales en matière de culture du riz :
..."Quand la crise est arrivée, on s'est dit que l'on avait eu tort de tourner le dos aux cultures vivrières, explique Laurent Sédogo, le ministre de l'Agriculture, de l'Hydraulique et des ressources halieutiques. Désormais, c'est sur les cultures vivrières, notamment céréalières, que la nouvelle politique agricole met l'accent". Cette citation est tiré du n° 2554 de la revue "JEUNE AFRIQUE", du 20 au 26 décembre 2009, qui comprend un dossier sur le Burkina Faso, avec comme titre "Burkina 2010, l'année de tous les enjeux". Avec les élections présidentielles en décembre 2010, l'agriculture tient une place importante dans le dossier...
On y apprend, de la bouche du ministre de l'agriculture, qu' "il s'agit d'amener les paysans à produire pour le marché et à devenir des entrepreneurs. Si les producteurs de coton et de cultures de contre-saison ont intégré cette logique, ce n'est pas le cas des céréaliers, qui produisent principalement pour leur propre consommation"...
Il parle donc de cultures vivrières commerciales, le maïs, le riz, le niébé, le sésame, la pomme de terre et le haricot vert, dont la production devra être augmentée en quantité et en qualité." Ainsi de nombreuses unités de production de jus de fruits, de transformation de maïs ou de décorticage du riz ont été créées ces dernières années"...

"Au Burkina, dit le ministre, la consommation du riz dans les villes augmente de 6% chaque année. La consommation totale est d'environ 400 000 tonnes, or nous ne produisons que 30% à 35% de nos besoins. Ainsi pour accroître la production, nous misons sur le riz Nerica, "Nouveau Riz pour l'Afrique". C'est ce qu'on appelle parfois une semence améliorée".
















Dans une note d'information (que j'ai découverte sur le site www.abcburkina.net) sur les modalités d'organisation de la commercialisation du riz produit au titre de la campagne 2008/2009, on trouve une bonne nouvelle : "pour la première fois, le gouvernement parle de fixer un prix plancher pour le riz paddy. Mais mauvaise nouvelle : alors que les producteurs demandent un prix plancher à hauteur de 175 F CFA, le gouvernement veux imposer un prix plancher à hauteur de 115 F CFA. Que veut dire ce prix plancher quand le gouvernement, dans le même document, reconnaît qu'actuellement les producteurs vendent déjà leur riz paddy à 150 F, 175 F, voire 190 F le kilo ? Ce prix n'arrange pas les producteurs qui le trouve beaucoup trop bas et pensent que le gouvernement le fixe en accord avec les banques et les commerçants, pas en accord avec les paysans...
Le gouvernement reconnaît le rôle important joué par les femmes pour la transformation du riz paddy collecté par les coopératives auprès des paysans producteurs, c'est une bonne nouvelle mais il refuse des aides aux femmes étuveuses qui se sont organisées en coopératives de transformation du riz paddy cultivé par les paysans, leurs maris.. Pourtant, ce même gouvernement répète à l'envie qu'il veut faire reculer la pauvreté dans le monde rural. Or appuyer les étuveuses, c'est soutenir 15 à 20 000 familles, et bientôt le double, si on tient compte du fait que leurs organisations est en pleine extension ! C'est faire reculer la pauvreté du monde rural. Appuyer les intermédiaires-transformateurs, c'est soutenir à peine 15 familles. Le choix du gouvernement est étonnant"...
Un site à consulter : http://www.abcburkina.net























Les orientations de la politique agricole pour la culture du coton sont encore plus inquiétantes. Le ministre a déclaré "le but n'est pas d'augmenter les superficies mais les rendements, pour passer de 1 à 1,5 tonne à l'hectare, en utilisant des variétés plus performantes et en fertilisant mieux les sols, en poursuivant la culture du coton génétiquement modifié, avec l'objectif d'en planter quelque 60000 hectares supplémentaires".
Il est en effet désormais possible, au Burkina Faso de cultiver du coton transgénique. Il faut savoir qu'en 2007, le coton transgénique représentait 43 % de la production mondiale. "Dans les champs, cela réduit la pénibilité du travail et les dangers pour notre santé liés à l'utilisation des insecticides", disent ces producteurs.
A l'opposé, porteurs d'une autre démarche et ayant le souci de préserver leur environnement, des producteurs se sont lancés dans la production de coton bio-équitable, il semble que les prix à la vente sont plus élevés que pour le coton traditionnel. J'ai appris qu'à Banfora, à 50 km de Sindou, il y a une usine d'égrénage qu'utilisent ces producteurs de coton bio-équitable.

A Sindou, la plupart des paysans font de la polyculture et ils ne disposent que de la force animale pour cultiver leurs terres. J'ai vu, à l'extérieur du village, un petit tracteur dans un champ d'un demi-hectare consacré à la culture du maïs... Les paysans cultivent le coton de qualité moyenne, c'est une ressource qui a permis de faire vivre des millions de paysans jusqu'à ce que le marché soit inondé par des produits subventionnés...A présent, les revenus du coton sont en baisse, les difficultés de transport par la piste entre Sindou et Banfora sont aussi un handicap au maintien de la polyculture vivrière.
Les paysans peuvent-ils faire confiance à un gouvernement qui pousse à la culture commerciale du coton, culture qui est très dépendante des marchés mondiaux et qui parle "d'obliger l'Organisation mondiale du commerce (OMC) à interdire les subventions"...Mais quels moyens donnent-ils à ses propres producteurs ? Comment les décisions du Ministre de l'agriculture permettent de lutter concrètement en faveur de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire ?...

Un peu d'histoire : j'ai trouvé
dans "l'Afrique fantôme" de Michel Leiris, publié en 1934, un livre qu'affectionne particulièrement Denys, une référence à la culture du coton :
"Visite de l'usine cotonnière, avec le contrôleur des douanes intérimaire, qui vient de nous faire apporter un panier de mandarines. Machines. Ouvriers. Moi qui pensais, allant vers le pays Azandé, trouver un peu de sauvagerie ! En fait de sauvagerie, ennuis douaniers. Mais, ne nous a-t-on pas dit à Bangui, que depuis qulques années, beaucoup de ces azandés (ou "Niam Niam", anthropophages spécialisés) ne dédaignent pas de porter le chapeau melon ?" (Michel Leiris, à l'époque, ethnographe et Maurice Griaule, ethnologue, ont exploré l'Afrique coloniale d'Ouest en Est, de Dakar à Djibouti, entre 1931 et 1933).(les chefferies (a)zandés étaient réparties dans l'Afrique centrale, elles ont été "contactées" par des aventuriers européens et des commerçants musulmans dès 1860. En 1926, l'anthropologue E.E. Evans-Pritchard a étudié leurs institutions...)
Dans une postface, à l'occasion d'un nouveau tirage, Michel Leiris a écrit : "A mon regret, je ne crois pas ce témoignage susceptible d'être considéré comme mieux que fantomatique par les gens dont dépend pour une large part le futur de cette nouvelle Afrique où se coudoient des peuples qui, depuis mon voyage d'autrefois, ont commencé à se libérer, très incertainement et, dans l'ensemble, sur un mode assez Charybde en Scylla pour que soit tristement justifié l'emploi du terme "néo-colonia- lisme". En août 1988, il a publié "Cinq études d'ethnologie", avec un nouveau tirage en 1997.

Autre inquiétude, le Burkina se tourne vers la culture du jatropha pour la production d'agro-diesel. Selon un responsable du gouvernement, le jatropha ne doit pas être vu comme un nouveau pétrole. Pourtant une première unité de production d'agro-diesel va fonctionner prochainement à Kossodo, près de la capitale, Ouagadougou. Propriété de la société Belwet Biocarburant, créée par un chef traditionnel, elle est dotée d'une capacité de 30 tonnes de graines par jour, pour une production de 375 tonnes d'huile par an. A l'horizon 2020, l'objectif est d'atteindre une production de 50 000 tonnes, avec une surface cultivée de 200 000 hectares ! De quoi donner raison au péssimisme de la Confédération paysanne du Faso ; pour celle-ci, "le risque de monoculture n'est pas à écarter si cette nouvelle culture de rente devient lucrative...