jeudi 11 juin 2009

p.16) Architecture Kassena

p. 16)
Dans mon premier blog sur l'archtecture contemporaine, j'ai écrit une page sur l'architecture Kassena, du nom du pays Kassena, situé au sud du Burkina. Rien de contemporain, mais ça donne à réfléchir...
(http://architecturecontemporaine.blogspot.com/)
Ce mode de construction est associé à un mode d'organisation sociale particulier à cette chefferie située dans la commune de Tiébélé, à une heure de piste de la ville de Pô.















Tiébélé est situé dans le sud du Burkina Faso près de la frontière ghanéenne. Nous avons pris la seule piste qui y mène à parir de Pô, capitale de la province. Pour visiter l'ensemble de la concession, un guide nous accompagne, nous payons 2000 francs CFA de droit d'entrée ; le ticket mentionne "sauvegarde du patrimoine culturel de Tiébélé", et j'ai appris qu'il existait un Festival annuel de la Culture et des Arts de Tiébélé (Faa-Can Dia).
Le guide nous emmène dans un labyrinthe de ruelles et maisons "fortifiées" ; en effet, autrefois les Kassena étaient souvent attaqués, et l'entrée des maisons rondes est très basse, d’environ 50 cm. Avant d’entrer dans la chambre principale, il faut surmonter un mur de 50 cm qui se trouve immédiatement derrière l’entrée. Il permettait au guerrier Kassena de repousser l'envahisseur mais aussi les bêtes sauvages...Les cases sont peintes chaque année par les femmes en 3 couleurs, le noir, de la pierre volcanique, le rouge brun, de la terre, le blanc, du calcaire.



Des symboles y figurent, l'objet le plus représenté, la calebasse, et les symboles des interdits...L'intérieur de la maison est exigu, chaque ustensile a sa place , les nattes serrées sont suspendues au plafond, on se baisse et on se plie en quatre pour passer dans la cuisine avec son foyer et sa cheminée avec une construction de terre devant le foyer qui symbolise les jambes de la femme...Dans un coin, une plateforme avec des mortiers, au dessus, une ouverture dans le toit pour éclairer le travail qu'on recouvre en cas de pluie... Devant chaque maison, il y a une petite cour en légère pente avec un trou bouché par une balle de savon ; il s'agit d'un réservoir qui reçoit les eaux usées après les travaux ménagers ; quand il est plein, on soulève une petite dalle, on vide le réservoir et on répand son contenu dans les champs comme engrais !
Les cases en huit sont les toutes premières maisons Kassena. Ces maisons "mères" abritent l'esprit des ancêtres. C'est pour cette raison que les personnes âgées, considérées comme les plus initiées, habitent ces maisons. La grand-mère en particulier à pour rôle d'éduquer ses petits enfants aux coutumes et traditions ancestrales Kassena. Les jeunes hommes et les couples habitent dans les maisons rectangulaires.Sur les toits-terrasses on sèche les céréales et on y dort pendant la saison sèche. Quand un garçon devient adulte, il se construit une nouvelle maison rectangulaire. Souvent, quand quelqu’un meurt, sa maison n’est pas réparée après les dégâts de la saison des pluies et la maison tombe alors en ruine. Ainsi, une concession Kassena se transforme toujours. Quand une fille devient adulte, elle s’installe dans la concession de son mari. La cour royale du chef de Tiébélé tient un prestige particulier auprès des autres villages et des autres chefferies de la région. Le "Pourrou", ou le tas d'immondice, qui se trouve devant l'entrée de la case royale, est chez tous les Kassena un tas sacré à l'intérieur duquel sont enterrés les placentas de ceux qui sont nés dans la cour du chef. De fait, c'est à son sommet que "celui qui tape le tambour" vient annoncer les nouvelles aux habitants du village. Le "pourrou" de Tiébélé est particulièrement grand, il atteste que la cour royale existe depuis longtemps de même que la famille du chef est conséquente.
L'Association pour le Développement de Tiébélé a mobilisé la population de Tiébélé ; ils inventent des solutions, ensemble, pour la préservation de ce patrimoine vivant qui chaque année est rénové, réhabilité et même enrichi. En particulier, les peintures murales qui subissent une dégradation naturelle (pluie, vent, poussière...) doivent régulièrement être refaites.

J'ai découvert ce matin le blog d'Axel Derriks, photographe, où figure des photos de cette architecture, photos en noir et blanc ; pour moi qui suis allée sur place, je trouve que ces photos ont plus de force que celles en couleur...bravo.
voici l'adresse de son blog :
http://axelderriks2.blogspot.com/2008/04/architecture-kassena.html

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