jeudi 11 juin 2009


p.10)
Départ de Sindou pour Ouagadougou , le bus décolle à 8h 30, arrivée à Banfora 1 h 30 plus tard ; agitation et chaleur, j’attends le départ du bus pour Bobo Dioulasso à la gare routière, les bagages s’entassent à côté du bus, une file se forme devant la porte du bus, chacun est invité à monter dès qu'on l'appelle, mon nom est à peine écorché ! J’ai une bonne place, côté couloir, je peux allonger mes jambes.
Un jeune homme monte juste avant le départ, il n’a pas de place assise, trop de places vendues ! il se tient debout près de moi et, bien sûr j’engage la conversation…
Il se nomme Serge et a fait 5 ans d’études, en partie en France, à Nantes, un BTS agricole, puis il est rentré au Burkina pour suivre une formation d’ingénieur ; il m’explique qu’il a voulu rentrer pour ne pas creuser l’écart avec la population burkinabé, notamment avec ses copains. Il a mis un an à ne plus être identifié comme celui qui a vécu avec les européens et à ne plus être "taxé"…Depuis, diplôme en poche, il a créé son bureau d’études en hydrologie, notamment pour la construction de barrage et ça marche bien pour lui. Il est dans ce bus car le site où il devait se rendre est accessible en transport en commun et que ça le repose du 4x4 !
A ce propos, il me parle de nouvelles mesures prises par le nouveau premier ministre, interdiction d’utiliser les 4x4 du service pendant les week-end par les fonctionnaires ; résultat, 2 milliards de CFA de moins sur la facture d’essence du ministère de l’agriculture ! de plus, les 4x4 vont être remplacés par des petites voiturespour les fonctionnaires qui ne font que des déplacements urbains… il se réjouit de ces mesures, il pense qu’enfin les choses commencent à bouger ; nous parlons des gaspillages et de la corruption des responsables politiques et administratifs…il faudra du temps, me dit-il , pour changer les mentalités ; il compare son pays au Sénégal où la population réagit et demande des comptes aux politiques, ici dit-il, nous sommes soumis…je le questionne sur le développement de l’agriculture, il affirme que quelques gros investisseurs mettent la main sur les terres, comme cet achat de 500 ha par un gros bonnet pour la culture de noix de cajou et de maïs pour l’exportation, mais, ce n’est pas ça, dit-il, qui va changer les conditions de vie des agriculteurs locaux ; pourtant, la région du sud-ouest pourrait être le grenier du Burkina, avec la création de petites coopératives bien gérées, pour l'agriculture vivrière et plus si la mécanisation est possible. Il me donne sa carte, j'aimerai bien le revoir !

Arrêt du bus à Bobo-Dioulasso, on se sépare avant le départ pour Ouaga ; cette fois les places sont numérotées, j’ai le numéro 33 ! le bus est climatisé et nous avons encore 5 heures de route à encaisser.













Arrivée à Ouaga, je choisis le taxi le moins mal en point et un chauffeur qui connaisse ma destination ! Ce n’est pas évident, le quartier où habite Djibril est excentré, à côté de la ZAD, zone d’aménagement différé, zone industrielle et les taxis ne se ruent pas sur l’occasion, c'est loin ! Je retrouve mes amis, Djibril, très occupé par son activité professionnelle et Ami, très attentionnée, émotion et plaisir partagé des retrouvailles…On fume un de mes derniers cigarillos (on en trouve rarement à Ouaga et ils sont très chers, normal !) et on se met très vite à discuter de projets qui lui tiennent à coeur comme par exemple le projet d'échange et solidarité entre éleveurs français etburkinabés pour l'insémination.
Question intendance, Djibril m’a trouvé une autre maison désaffectée (l'autre ayant été louée entre temps) dans sa rue où je pourrai rester quelques temps, un lit et une salle de bain, c’est extra !

Ouagadougou est une capitale où je me suis sentie bien, les quartiers sont aérés, les rues sont propres, je ne sais si le réseau d’évacuation des eaux est efficace puisque nous sommes en saison sèche, mais les chaussées sont très larges et permettent la cohabitation des cycles et des voitures ; le centre "Ouaga 2000" qui se construit actuellement de façon un peu anarchique a du mobiliser beaucoup d'urbanistes, venus sans doute d'Abidjan ou de Lyon, ville avec laquelle Ouaga est jumelée... Selon les déclarations du conseil municipal que j'ai lues sur le site : http://www.mairie-ouaga.bf/ , le centre Ouaga 2000 ne comprendra pas de grattes-ciel mais des immeubles de bureaux et des logements. D'après ce que j'ai vu, en cours de réalisation, ce sera des maisons de très grande taille et luxueuses. Les autres possibilités de logement, pour les autres catégories sociales, existent très loin de là, au delà de la barrière (oui, une vraie barrière pour le contrôle des entrées dans la capitale, avec des gardes).

Toujours sur le site des élus locaux, j'ai appris qu'un projet appelé "Stratégie de réduction des déchets de Ouagadougou, de création d'emplois et de revenus par des actions de collecte, de tri et de valorisation, fruit du partenariat entre la ville de Ouagadougou et l’Union européenne" a été lancé officiellement le 10 juin. "Il devrait favoriser la réduction des déchets dans la ville, par le biais d'une démarche de développement durable afin d'améliorer les conditions de vie des citadins". Il concerne 40 000 ménages.




En matière de valorisation du patrimoine culturelle, comme ils disent, le "Village artisanal" est une réussite, j'y suis allée plusieurs fois pour le plaisir des yeux mais aussi pour y rencontrer les artistes et les petites mains qui y trouvent un maigre emploi (15 000 francs CFA, 10 euros par mois selon une jeune fille que j'ai interrogée). Le Village, installé sur un très grand terrain, est composé d'ateliers ouverts aux visiteurs, où les artisans et artistes travaillent, chacun étant autonome ; ils louent à la Chambre de Commerce le local, ils ont des statuts d'entreprises différents mais tous payent à la CCI 10% sur leur CA. Je me suis attardée au local des papiers recyclés, géré par des femmes. Une américaine les a formées puis a quitté le Burkina après 6 ans d'accompagnement. Elles ont alors perdu leur clientèle américaine et cherchent à écouler leurs produits hors du Burkina car les ventes dans le Village ne leur suffisent pas. Ce sont des femmes en difficultés soit à cause d'un mari chômeur, soit malade et elles doivent faire "bouillir la marmite". Elles travaillent une semaine sur deux en équipe d'une dizaine de femmes... J'ai acheté des exemplaires de ce qu'elles produisent, des carnets reliés, des emballages, des cartes, des blocs notes, des feuilles de papier, des albums, le tout de très belle couleur. La Boutique du Commerce Equitable de Pau sera peut-être intéressée pour commercialiser ce genre de produits d'art!


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire