jeudi 11 juin 2009

p.13)
Aujourd'hui, Djibril m'accompagne chez Ablacé et Catherine, coordinateurs de l'association AIDMR, association interzones de développement en milieu rural, à Ouaga. Leur activité s'étend sur 47 villages. Je les ai déjà rencontrés plusieurs fois à l'occasion de leur séjour chez Emmaüs Lescar Pau. Nos retrouvailles sont chaleureuses. Djibril participe à notre conversation et cela débouche par une promesse de rendez-vous entre eux deux pour travailler sur un des projets dont parle Ablacé, l'embouchement d'ovin pour augmenter la production de fumier ; Djibril a une autre idée sur la question...Je suis heureuse de ce contact entre eux, pour Djibril, pour Ablacé et pour moi !
Je déjeûne avec eux dans un maquis ; quoi ? oui, c'est le nom donné aux petits restaurants de bord de route, avec paillote, des bancs et tables basses ; on nous sert des brochettes de mouton grillées, bien épicées, vin et coca. On me dit que cela vient sans doute de l'idée qu'on est caché, on peut se donner des rendez-vous discrets !...












Une semaine plus tard, je pars avec Ablacé et Catherine, dans un 4x4 confortable, pour une tournée dans les deux fermes expérimentales de Prat et Betta, deux villages situés dans deux secteurs différents, à 2 h 30 de route et piste de Ouagadougou. Au premier arrêt, nous mangeons des mangues, vendues par des femmes qui se précipitent au devant du véhicule, c'est la pleine saison, les arbres en regorgent. Nous quittons la route pour rouler pendant une demie heure sur une piste très défoncée.
La ferme de Prat est en construction, mais déjà les clotures sont posées pour les volailles, les lapins ont une case, les cônes de maïs séchés jonchent le sol, ils seront décomposés par les termites et les vers, ça enrichit le sol et celà donne une bonne alimentation pour les poules...j'en fais des découvertes ! les fosses fumières sont en place.
Des clôtures de pois d'angole sont plantées, ils fixent l'azote au sol, ils donnent des graines qu'on mange, elles se resème, ça reste vert pendant la saison sèche, ça protège du vent, puis on peut en faire de l'engrais, que des avantages. Le pois d'Angole fait partie de la famille des légumineuses. C'est une petite graine verte, blanchâtre de 8 à 10 mm de diamètre. Elle est produite par un petit arbrisseau qui peut atteindre jusqu'à trois mètres de haut. Nous logeons dans un gîte d'étape construit par les compagnons d'Emmaüs, avec moustiquaire ! (clin d'oeil à Denys )



Il faut que je vous présente, à ce point du récit, l'association Emmaüs, à partir de leur site : http://www.emmaus-lescar-pau.com/
En 1992, Jean Fréoux, animateur de l'ONG de solidarité internationale "Eau Vive" (http://www.eau-vive.org/) présente à la Communauté les actions de l'association au Burkina Faso auprès des paysans. Le message passe. Suit une période de réflexion et d'observation au cours de laquelle la Communauté s'engage sous réserve d'un esprit participatif entre les villages burkinabè et la Communauté Emmaüs de Lescar-Pau. En 1993, 8 compagnons partent à Vousnongo reboiser 8 ha avec les paysans burkinabè. Jusqu'en 2000, de nombreuses missions suivent avec régularité en tissant des liens de plus en plus forts entre les paysans et les membres de la Communauté.
L’AIDMR, Association Interzones pour le Développement en Milieu Rural) a été fondé 7 ans plus tard, par les paysans, soutenus par la Communauté, pour acquérir plus d\'autonomie et développer une politique participative de leurs membres.
Depuis, les relations entre l'AIDMR et la Communauté se sont développées. Régulièrement, dans le cadre de missions d’échange et d’appui, les membres de la Communauté participent aux activités des paysans burkinabè (travaux aux champs, réalisation de fosses fumières, de cordons pierreux, de reboisement etc.). De même, ces derniers séjournent fréquemment en Béarn pour s’imprégner de la philosophie d’Emmaüs tout en contribuant à son activité quotidienne (ramassage, re-conditionnement et vente de divers objets). En plus, ils rencontrent les petits paysans de la région pour échanger sur les techniques agricoles. Les deux groupes ont su tisser des liens très forts qui leur profitent et leur permettent de renforcer leur partenariat.

En moyenne, ce sont 100 personnes par an (Français et Burkinabè) qui participent à ces missions aussi bien au Burkina Faso qu'en France. L’association a pour but de créer un cadre de travail pour les agriculteurs et éleveurs, de mener des actions de nature à réduire la famine dans le pays par la vulgarisation de nouvelles techniques agricoles, d’entreprendre des activités de protection et de restauration de l'écosystème par la construction des sites anti-érosifs (Projets C.E.S), de conduire des activités susceptibles d'améliorer le niveau de vie des jeunes et de les maintenir auprès des communautés de base, d’acquérir une indépendance financière.. Le fonctionnement est démocratique, toutes les décisions sont prises collégialement par la base. Le bureau est garant de leurs applications dans un souci d'équité. Les présidents des 4 zones, les animatrices et animateurs des 4 zones, le coordinateur, Ablacé, la coordinatrice-adjointe, Catherine et les membres d'Emmaüs Lescar-Pau se réunissent 3 fois par an pour affiner les actions à mener.
Un petit coup de pub au passage pour les concerts organisés cet été par la communauté d'Emmaüs-lescar-pau les 29 et 30 juillet 2009 !






J'en reviens à la ferme, à la nuit tombée, Catherine prépare le repas, j'épluche les légumes et Issaka (un autre !) responsable de l'exploitation, travaille le chaume, il associe les tiges en bandes qu'on attache ensemble et qu'il déroulera ensuite sur le toit d'une case. Tout autour des 10 ha, ils ont planté, l'année dernière, des manguiers, des orangers, des citronniers, des goyavers...ils donneront des fruits dans 5 ans. Ablacé m'explique qu'ils laissent beaucoup d'arbres pour avoir une bonne couverture végétale. Le nimier, arbre à fruits rouges, est utilisé pour traiter des maladies, à partir d'une bouillie de feuilles, ça remplace les pesticides. Les nouvelles méthodes de culture sont diffusées aux paysans comme les fosses fumières, les cordons pierreux et les zaï qui gardent l'humidité. Les animateurs sont originaires des villages.
Demain, nous partons dans la ferme de Betta, située plus au nord de Ouaga.


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